"S'il n'est pas content, qu'il s'en aille" : nouvelles tensions entre Roussel et Mélenchon après l'attaque du Hamas en Israël information fournie par Boursorama avec Media Services 10/10/2023 à 10:52
"C'est à Jean-Luc Mélenchon de clarifier sa position et ses rapports avec les autres forces de gauche" et de "prendre sa décision", a estimé Fabien Roussel.
L'attaque du Hamas en Israël a une nouvelle fois illustré les tensions qui traversent l'alliance de la gauche Nupes, alors que de nombreux responsables politiques de gauche ont critiqué la prise de position de Jean-Luc Mélenchon et de plusieurs cadres insoumis. Mardi 10 octobre, c'est la patron du Parti communiste, Fabien Roussel, qui a appelé le leader insoumis à "clarifier" sa position au sein de l'alliance, et à la quitter "s'il ne s'y retrouve pas".
"Sur ce drame qui se passe aujourd'hui au Proche-Orient, la position du PCF, du Parti socialiste (PS), d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) est claire. Nous avons ensemble condamné un acte terroriste, et nous l'avons dit comme tel", a martelé Fabien Roussel sur France 2 .
"Je regrette que Mélechon et quelques députés insoumis -c'est pas tout le monde-, n'ont pas eu cette position claire, a-t-il avancé. Je pense que c'est à Jean-Luc Mélenchon de clarifier sa position et ses rapports avec les autres forces de gauche : il ne nous aime pas, puisqu'il l'a exprimé comme ça, il n'est pas clair sur des sujets qui devraient normalement rassembler toute la gauche..."
"Eh bien, que lui prenne sa décision, et s'il n'est pas content, qu'il s'en aille. C'est tout", a insisté le communiste.
"C'est à lui de quitter ce rassemblement s'il ne s'y retrouve pas", a également répondu Fabien Roussel, interrogé sur l'éventualité pour le PCF de quitter la Nupes.
Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise sont sous le feu des critiques après avoir refusé de condamner sans équivoque l'attaque du Hamas qui a commencé samedi en Israël. "L'offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d'intensification de la politique d'occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est", avait affirmé LFI samedi, se gardant bien d'employer le mot de "terrorisme". Et plusieurs députés insoumis sont allés encore au-delà, tel Louis Boyard qui a accusé le gouvernement français d'avoir fermé les yeux sur "la colonisation et les exactions en Palestine".
"Manque de clarté" et "maladresses" ?
Dans une interview à Libération lundi soir, Clémentine Autain, une des "frondeuses" du mouvement, a reconnu que l'on pouvait reprocher à LFI "un manque de clarté" ou "des maladresses" . "Les mots sont importants", a-t-elle expliqué, s'indignant par ailleurs que l'on puisse "laisser entendre ou dire sérieusement que LFI soutient le Hamas".
Dès samedi, le député de la Somme François Ruffin s'était distingué en exprimant sa "condamnation totale de l'attaque du Hamas". Des propos appuyés par l'élu de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière.
Le patron du PS Olivier Faure, qui a toujours défendu l'union des partis de gauche malgré les crises à répétitions, a estimé lundi que les déclarations de LFI "laisseront des traces", et exigé des "explications".
La veille, le député Jérôme Guedj (PS), autre grand avocat jusqu'ici de la Nupes, s'est dit "dégoûté" par les prises de position des Insoumis. Pire, il a jeté un pavé dans la mare, posant la question du maintien de son parti au sein de cette coalition.
Première action concrète: le groupe socialiste de la région Île-de-France a annoncé lundi "suspendre temporairement (ses) travaux en commun" avec les Insoumis, se disant "choqué par la position nationale du mouvement".
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a vertement critiqué mardi Jean-Luc Mélenchon, affirmant que le leader de la France insoumise "est tout en haine" et "légitime le recours à la violence".
"Jean-Luc Mélenchon, il est tout en haine"
"Jean-Luc Mélenchon, il est tout en haine" , a déclaré Oliver Véran sur franceinfo , en réaction aux propos du chef des Insoumis qui s'en est pris la veille au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), l'accusant d'"empêcher la solidarité des Français avec la volonté de paix".
Le Crif a organisé lundi soir des rassemblements de soutien à Israël, deux jours après l'offensive du Hamas qui a fait plus de 900 morts et 150 otages côté israélien. Près de 700 personnes ont aussi été tuées côté palestinien. En outre, 1.500 combattants du mouvement islamiste ont été abattus durant l'attaque.
Olivier Véran, qui a participé au principal rassemblement à Paris, a estimé que "le temps de l'émotion et de la mobilisation est à destination d'Israël et de la communauté juive".
Pour le porte-parole du gouvernement, les propos de Jean-Luc Mélenchon sont la marque de "quelqu'un qui a décidé qu'il était bon de légitimer le recours à la violence , a minima de l'excuser" et qui profère "tout le temps des propos virulents et à contre-courant".
Olivier Véran a aussi dénoncé "ce courant de l'extrême gauche française qui sombre dans cette espèce de dérive permanente" et qui n'est selon lui "pas au rendez-vous de l'Histoire".