Russie : la Banque centrale abaisse son taux directeur sous la pression des entreprises et face à la crainte d'un ralentissement économique
information fournie par Boursorama avec Media Services 12/09/2025 à 16:47

L'économie russe montre des signes de ralentissement après deux ans d'une forte croissance portée par l'explosion des dépenses militaires depuis le début de l'offensive à grande échelle de l'Ukraine.

( AFP / OLESYA KURPYAYEVA )

Les craintes grandissantes d'un ralentissement économique en Russie et la pression des entreprises demandant une baisse des taux d'emprunt a poussé la Banque centrale (BCR) à abaisser d'un point, à 17%, son taux directeur, et ce malgré de sombres perspectives inflationnistes.

"L'économie continue de retrouver une trajectoire de croissance équilibrée. La croissance des prêts s'est accélérée ces derniers mois", a déclaré la BCR dans un communiqué, tout en précisant que "les anticipations d'inflation" restaient "élevées".

L'économie russe montre des signes de ralentissement après deux ans d'une forte croissance portée par l'explosion des dépenses militaires depuis le début de l'offensive à grande échelle de l'Ukraine, en février 2022. Cette hausse des dépenses a notamment permis à la Russie de déjouer les prédictions selon lesquelles les sanctions occidentales massives prises contre elle feraient s'effondrer son économie.

Mais ces dépenses ont aussi conduit à une flambée de l'inflation, forçant la BCR à relever son taux à un très haut niveau, à 21%, en octobre dernier. L'inflation, selon les statistiques officielles, dépasse toujours les 8% , soit le double de l'objectif fixé par le gouvernement. La BCR a indiqué vendredi qu'elle maintiendra des "conditions monétaires aussi strictes que nécessaire pour ramener l'inflation à l'objectif en 2026".

Vers une récession ?

Les dépenses de l'État russe ont augmenté de plus de 75% depuis l'offensive contre l'Ukraine en 2022. Des responsables et experts avertissent que ces dépenses pourraient avoir épuisé la capacité de Moscou à stimuler l'économie, qui pourrait tomber en récession.

La croissance a ralenti à 1,1% en rythme annuel au deuxième trimestre, contre plus de 4% en 2024.

Depuis des mois, des entreprises d'envergure réclament à la BCR une baisse des taux d'emprunt, qui, selon elles, freinent l'économie et l'investissement sur fond de pénurie de main d'œuvre, en raison de la mobilisation sur le front ukrainien et de l'exil de dizaines de milliers de personnes.

Les finances publiques russes ont également été mises à rude épreuve par la faiblesse des prix du pétrole, crucial pour financer l'économie russe. Le gouvernement a enregistré un déficit d'environ 50 milliards de dollar s, soit 2% du PIB, au cours des huit premiers mois de l'année, trois fois plus qu'à la même période en 2024.

Jusqu'à présent, Moscou a pu utiliser un fonds de réserve, constitué grâce aux revenus de ses hydrocarbures, pour combler ce déficit. Ce fonds, cependant, est lui aussi mis à l'épreuve : la valeur de ces liquidités mobilisables immédiatement a diminué de moitié , passant de plus de 100 milliards de dollars avant le conflit à 48 milliards de dollars actuellement.

Kiev et Washington tentent de réduire les recettes de la Russie provenant des exportations d'énergie. Récemment, le président américain Donald Trump a augmenté les droits de douane sur l'Inde en raison de ses achats de pétrole russe et a menacé de prendre des mesures similaires contre la Chine.