Russie et Bélarus organisent des exercices militaires sous l'oeil inquiet de l'Occident information fournie par AFP 12/09/2025 à 12:16
La Russie et le Bélarus, son allié fidèle, ont entamé vendredi des exercices militaires conjoints qui suscitent l'inquiétude des pays de l'Otan, quelques jours après l'intrusion sans précédent de drones russes sur le territoire polonais.
Ces manoeuvres se déroulent alors que l'armée russe progresse sur le front ukrainien et intensifie ses attaques aériennes sur les villes d'Ukraine, en dépit de tentatives diplomatiques pour mettre fin à trois ans et demi d'une offensive à grande échelle.
Selon le ministère russe de la Défense, ces exercices incluent des opérations portant sur la gestion des unités militaires "dans le cadre de la riposte à une agression" et la direction de troupes pour "restaurer l'intégrité territoriale" de la Russie et du Bélarus.
Les manoeuvres, baptisées Zapad-2025 ("Ouest-2025", en référence au fait qu'elles se déroulent dans l'ouest de l'alliance russo-bélarusse), se tiennent jusqu'à mardi au Bélarus et en Russie ainsi qu'en mer de Barents et mer Baltique.
Une vidéo diffusée par le ministère de la Défense montre des équipements militaires lourds - véhicules blindés, hélicoptères, navires - participant aux exercices.
La Pologne, la Lituanie et la Lettonie, pays membres de l'Otan et voisins du Bélarus, voient d'un très mauvais oeil l'organisation de ces manoeuvres si près de leurs frontières.
Toutes trois ont renforcé leur sécurité et restreint le trafic aérien dans certaines zones, Varsovie ordonnant en outre la fermeture complète de sa frontière avec le Bélarus pendant les manoeuvres.
Le ministre bélarusse des Affaires étrangères, Maxime Ryjenkov, a estimé vendredi que "ce que fait aujourd'hui la Pologne est principalement dirigé contre elle-même" tandis que Moscou a demandé jeudi à Varsovie de "reconsidérer la décision (de fermeture de la frontière) dans les plus brefs délais".
La Russie a balayé les craintes liées aux manoeuvres, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant jeudi qu'il s'agissait d'"exercices planifiés, (qui) ne visent personne".
- "Provocations" -
Varsovie a dit, elle, s'attendre "à des provocations" lors de ces exercices, a déclaré vendredi le ministre coordinateur des services spéciaux polonais, Tomasz Siemoniak.
Selon le vice-ministre polonais de la Défense, Cezary Tomczyk, quelque 40.000 soldats devraient être présents à la frontière avec la Russie et le Bélarus pendant ces manoeuvres.
La Pologne et d'autres pays membres de l'Otan doivent organiser leurs propres exercices militaires stratégiques dans les prochains jours.
L'intrusion d'une vingtaine de drones dans la nuit de mardi à mercredi dans l'espace aérien polonais, jugée délibérée par Varsovie et ses alliés mais démentie par Moscou, a suscité une vive émotion en Pologne et été qualifiée de provocation par les pays occidentaux.
Varsovie a dû mobiliser ses avions et ceux de ses alliés de l'Otan pour abattre les drones, venus du ciel ukrainien et du Bélarus.
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a estimé que l'on n'avait jamais été aussi proche d'un "conflit ouvert" depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les exercices Zapad sont habituellement organisés tous les quatre ans. L'édition 2025 est la première depuis le début du conflit en Ukraine, en février 2022. Celle de 2021 avait mobilisé environ 200.000 soldats russes, quelques mois avant le lancement de leur assaut.
Cette fois, l'ampleur des exercices devrait être bien plus réduite, des centaines de milliers de soldats russes étant déployés en Ukraine.
- "Entraînement au combat" -
Le Bélarus avait affirmé en janvier que 13.000 soldats participeraient aux exercices, mais a indiqué en mai que ce nombre serait réduit de moitié.
Selon Donald Tusk, les manoeuvres visent à simuler l'occupation du corridor de Suwalki, qui s'étend le long de la frontière entre la Pologne et la Lituanie avec l'enclave russe de Kaliningrad à l'ouest et le Bélarus à l'est.
Ce corridor est souvent considéré comme un point faible de l'Otan qui pourrait être la première cible d'une éventuelle attaque russe.
Cette crainte est une "absurdité totale", a balayé le président bélarusse Alexandre Loukachenko.
Pour Alexandre Khramtchikhine, analyste militaire basé à Moscou, ces exercices sont un "simple spectacle" sans réelle signification.
Mais Vassili Kachine, analyste au Conseil russe des affaires internationales, lié au Kremlin, estime qu'ils sont "à la fois une démonstration et un véritable entraînement au combat".
Sur le front ukrainien, des frappes russes ont fait deux morts et cinq blessés vendredi matin dans la région de Soumy, dans le nord-est, selon les autorités ukrainiennes.
La Russie a pour sa part annoncé avoir abattu dans la nuit 221 drones ukrainiens, soit l'une des attaques les plus massives de l'armée de Kiev depuis le début du conflit.