Royaume-Uni: Starmer, en difficulté, redouble d'attaques contre l'extrême droite
information fournie par AFP 30/09/2025 à 18:00

Le Premier ministre britannique Keir Starmer au congrès du Parti travailliste, le 28 septembre 2025 à Liverpool ( AFP / Paul ELLIS )

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, dont l'impopularité atteint des sommets, a appelé mardi à refuser "la voie du déclin" proposée par l'extrême droite et a défendu la diversité culturelle du Royaume-Uni, dans un discours offensif au congrès annuel du parti travailliste.

Le dirigeant n'est au pouvoir que depuis quinze mois mais il est au plus bas dans les sondages. Sa politique est remise en cause y compris dans son propre camp, pendant que le parti d'extrême droite Reform UK caracole en tête des intentions de vote.

A Liverpool (nord de l'Angleterre), dans un discours jugé par beaucoup crucial pour son avenir à Downing Street, Keir Starmer a estimé que le Royaume-Uni était "à la croisée des chemins". Il a appelé les Britanniques à faire le choix de la "décence" et du "renouveau" avec lui, plutôt que celui de "la division" et du "ressentiment" avec Reform UK et son chef Nigel Farage.

Ce dernier "n'aime pas le Royaume-Uni. Il ne croit pas dans le Royaume-Uni", a-t-il attaqué, avant de se lancer dans une longue tirade pour défendre la société britannique multiculturelle, sous les applaudissements nourris de la salle, où flottaient de nombreux drapeaux britanniques.

"Si vous dites ou laissez entendre qu'une personne ne peut pas être anglaise ou britannique à cause de la couleur de sa peau, (...) que les gens qui ont vécu ici pendant des générations (...) doivent maintenant être expulsés, alors, écoutez-moi-bien, nous vous combattrons de toutes nos forces", a-t-il insisté.

Il répondait notamment à une récente proposition de Reform UK qui veut, s'il arrive au pouvoir, supprimer le titre de séjour permanent. Mais aussi à la montée d'un sentiment anti-immigration qui s'est récemment exprimé dans une série de manifestations dans le pays, dont une importante à Londres mi-septembre.

Reform UK ne compte que cinq députés mais nourrit de grandes ambitions électorales, notamment lors d'importants scrutins locaux prévus en mai.

Dans la foulée du discours de Keir Starmer, Nigel Farage a fustigé "la dernière tentative désespérée de la part d'un Premier ministre en grande difficulté". Il s'est dit "plus déterminé que jamais" à "donner une leçon" au Labour lors des prochaines élections.

- Décisions difficiles à venir -

Keir Starmer a également tenté d'insuffler un vent d'optimisme, en particulier au sujet de l'économie, quand son gouvernement est souvent accusé de manquer d'une vision positive pour le pays.

Enumérant les mesures déjà prises pour construire plus de logements, financer le système de santé ou étendre les droits des travailleurs, il a rappelé que sa "mission principale" est de "faire croître l'économie, d'améliorer le niveau de vie" de tous les Britanniques.

"Je pense qu'il a restauré la confiance. Il a en tout cas restauré la mienne", s'est réjouie auprès de l'AFP Sarah Chaker, militante originaire de l'Essex (sud de l'Angleterre), "agréablement surprise" par son discours.

Jim Robbins, élu local dans l'ouest de l'Angleterre, pense aussi que Starmer "a visé juste" dans ses attaques contre Reform. "Il a su parler de l'importance du patriotisme sans aller trop loin".

Mais Keir Starmer aura-t-il rassuré au-delà des militants du Labour ?

Le dirigeant travailliste a prévenu que le redressement du pays "exige des décisions qui ne sont ni gratuites ni faciles", à un mois de la présentation d'un budget difficile à boucler, faisant craindre des hausses d'impôts.

Certaines mesures prises ces quinze derniers mois ont été mal perçues au sein de son parti, comme le plafonnement d'une aide aux familles, le durcissement de la politique migratoire ou encore l'interdiction de l'organisation Palestine Action, classée comme terroriste.

Certains élus, comme le maire du Grand Manchester, Andy Burnham, à qui l'on prête des ambitions si Keir Starmer échoue à Downing Street, l'ont appelé à adopter une politique plus à gauche.

La députée Lucy Powell -- candidate pour devenir la numéro 2 du parti contre une autre députée soutenue par le gouvernement -- a mis en garde plus tôt mardi contre la tentation au sein du Labour de vouloir "aller dans le sens de Reform". "Nous perdons nos électeurs les plus progressistes à gauche", a-t-elle prévenu.