Roumanie-Second tour de la présidentielle, les liens avec l'UE en question
information fournie par Reuters 18/05/2025 à 01:51

par Luiza Ilie

Les Roumains sont appelés aux urnes dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle qui oppose le chef de file de l'extrême droite à un candidat centriste indépendant, pour un scrutin qui pourrait avoir des répercussions à la fois sur l'économie du pays et sur l'unité de l'Union européenne.

Le nationaliste George Simion, 38 ans, réfractaire à l'idée de soutenir militairement l'Ukraine et détracteur de la manière dont est dirigée l'UE, a fini nettement en tête du premier tour du scrutin deux semaines plus tôt. Cette percée du chef de file de l'extrême droite a provoqué la chute de la coalition gouvernementale pro-occidentale.

Nicusor Dan, 55 ans, maire centriste de la capitale Bucarest qui a basé sa campagne sur la lutte contre la corruption, est un fervent partisan de l'UE et de l'Otan. Il a répété que le soutien à l'Ukraine était vital pour la sécurité de la Roumanie face à la menace grandissante représentée par la Russie.

L'enjeu du scrutin pourrait avoir de lourdes répercussions pour l'UE, alors que le président roumain siège à la tête du conseil national de défense - décideur en matière d'aides militaires - et fixe la politique étrangère, ce qui lui confère le pouvoir d'opposer son veto lors de votes à Bruxelles qui requièrent l'unanimité.

Quel que soit le vainqueur du scrutin de dimanche, il devra également nommer un Premier ministre à même d'obtenir une nouvelle majorité au Parlement et d'oeuvrer à l'allègement de la dette publique roumaine - la plus importante parmi les pays de l'UE. Rassurer les investisseurs et éviter une dégradation de la notation du pays par les agences de crédit seront également clé.

Un sondage publié vendredi place Nicusor Dan devant George Simion dans les intentions de vote pour la première fois depuis le premier tour du scrutin, avec une marge cependant infime qui pourrait dépendre de la participation des électeurs expatriés.

Les bureaux de vote ouvrent à 07h00 (04h00 GMT) et ferment à 21h00 (18h00 GMT). Des sondages de sortie des urnes sont attendus dans la foulée.

EUROSCEPTIQUE(S)

Selon des analystes politiques, une victoire de George Simion, admirateur de Donald Trump qui revendique s'inscrire dans la lignée des politiques nationalistes du président américain, serait à même d'isoler la Roumanie sur la scène internationale, de nuire à l'investissement privé et de déstabiliser le flanc oriental de l'Otan.

Ce scrutin se déroule en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle de la Pologne voisine, qui devrait déboucher sur un duel entre le maire pro-occidental de Varsovie, Rafal Trzaskowski, et l'historien conservateur Karol Nawrocki.

La perspective de voir s'accroître dans les prochains jours la cohorte de dirigeants eurosceptiques fait planer la menace de divisions plus grandes au sein de l'UE.

Initialement organisée en novembre dernier, l'élection présidentielle roumaine a été invalidée à l'issue du premier tour par la Cour constitutionnelle à cause d'une ingérence présumée de la Russie en faveur du candidat de l'extrême droite, Calin Georgescu, qui a été interdit de se porter à nouveau candidat. Moscou nie ces accusations.

Cette décision a suscité des critiques de la part de l'administration Trump et a alimenté au bénéfice de George Simion la colère d'électeurs déjà mécontents de la corruption endémique et de la hausse du coût de la vie.

George Simion a fait savoir qu'il entendait en cas de victoire désigner Calin Georgescu à la tête du gouvernement. Georgescu est partisan d'un rapprochement avec la Russie.

(Luiza Ilie; version française Jean Terzian)