Roumanie-L'Europe soulagée par la victoire du centriste Nicusor Dan, Moscou sceptique
information fournie par Reuters 19/05/2025 à 15:23

(Actualisé avec appel à Rutte, Macron et Sandu et entretien à venir avec président intérimaire)

Le maire centriste de Bucarest, Nicusor Dan, a remporté à la surprise générale l'élection présidentielle en Roumanie dimanche face au candidat d'extrême droite à l'issue d'un scrutin suivi de près dans toute l'Europe et que la Russie a qualifié d'"étrange" lundi.

Après dépouillement de 95% des bulletins, Nicusor Dan a recueilli 54% des voix contre 46% pour George Simion, partisan d'une droite dure s'inspirant du président américain Donald Trump, arrivé en tête au premier tour, début mai.

George Simion a dans un premier temps revendiqué la victoire à l'élection présidentielle avant de finalement reconnaître sa défaite.

Nicusor Dan, 55 ans, a basé sa campagne sur la lutte contre la corruption. Fervent partisan de l'Union européenne et de l'Otan, il a répété que le soutien à l'Ukraine était vital pour la sécurité de la Roumanie face à la menace grandissante que représente la Russie.

La Russie a elle jugé par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov que les résultats de l'élection étaient "pour le moins étranges", estimant que le candidat d'extrême droite a été "écarté de force de la course", a rapporté lundi l'agence de presse étatique TASS.

Le Kremlin a ajouté que les Etats européens tels que la France, le Royaume-Uni ou l'Allemagne avaient pour habitude d'interférer dans les affaires internes d'autres pays, réagissant aux accusations d'ingérence française lancées dimanche par le fondateur de l'application de messagerie Telegram, Pavel Durov. Paris a nié ces accusations.

A l'inverse, ce résultat a provoqué le soulagement dans certaines capitales européennes. Le président roumain siège à la tête du conseil national de défense - décideur en matière d'aides militaires - et fixe la politique étrangère, ce qui lui confère le pouvoir d'opposer son veto lors de votes à Bruxelles qui requièrent l'unanimité.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a été une des premières dirigeantes de l'Union européenne à féliciter Nicusor Dan.

"Le peuple roumain s'est massivement rendu aux urnes", a-t-elle écrit sur X. "Ils ont choisi la promesse d'ouverture, d'une Roumanie prospère dans une Europe forte."

Le président du Conseil européen Antonio Costa a également salué "le signal fort de l'attachement des Roumains au projet européen".

Des félicitations reprises en choeur par la présidente de la Moldavie Maia Sandu et le Premier ministre polonais Donald Tusk, tout comme le président français Emmanuel Macron.

"Malgré de nombreuses tentatives de manipulation, les Roumains ont choisi la démocratie ce soir, l'Etat de droit et l'Union européenne", a-t-il écrit dimanche sur X.*

Maia Sandu et Emmanuel Macron se sont entretenus avec Nicosur Dan, qui a également échangé avec le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.

"Je lui ai dit que la Roumanie restait fermement un allié de l'Otan", a déclaré le vainqueur du scrutin présidentiel, ajoutant que les investissements en matière de défense étaient un objectif. "Dans le même temps, nous comptons sur l'Otan pour garantir la sécurité de la Roumanie."

1ER SCRUTIN ANNULÉ POUR INGÉRENCE PRÉSUMÉE DE MOSCOU

Le nouveau président roumain devra nommer un Premier ministre à même d'obtenir une nouvelle majorité au Parlement et d'oeuvrer à l'allègement de la dette publique roumaine - la plus importante parmi les pays de l'UE.

Nicusor Dan doit rencontrer le président par intérim Ilie Bolojan pour discuter d'une prochaine coalition, a rapporté une source politique.

Il aura également pour tâche de rassurer les investisseurs et éviter une dégradation de la notation du pays par les agences de crédit.

Initialement organisée en novembre dernier, l'élection présidentielle roumaine a été invalidée à l'issue du premier tour par la Cour constitutionnelle à cause d'une ingérence présumée de la Russie en faveur du candidat de l'extrême droite, Calin Georgescu, qui a été interdit de se porter à nouveau candidat. Moscou nie ces accusations.

Cette décision a suscité des critiques de la part de l'administration de Donald Trump et a alimenté, au bénéfice de George Simion, la colère d'électeurs déjà mécontents de la corruption endémique et de la hausse du coût de la vie.

(Reportage de Luiza Ilie, Elizaveta Gladun, Malgorzata Wojtunik et Krisztina Fenyo; version française Zhifan Liu, édité par Kate Entringer)