"Risque de décrochage" face à la Chine et aux Etats-Unis : Antoine Armand plaide pour une "compétitivité" accrue de l'UE et "le leadership" français information fournie par Boursorama avec Media Services 06/11/2024 à 14:07
Le ministre français de l'Economie, Antoine Armand, a plaidé mardi 5 novembre pour "beaucoup plus d'investissements au niveau européen", publics et privés.
"Nous courons un risque de décrochage" face aux Etats-Unis et à la Chine. Le ministre français de l'Economie, Antoine Armand, sonné l'alerte mardi 5 novembre. Il a plaidé pour une "compétitivité" accrue de l'UE, estimant que la France devait redresser ses finances publiques pour avoir "le leadership" en la matière.
"Notre croissance, en Europe, dans les secteurs innovants (...) a augmenté, mais elle reste à des niveaux qui ne sont pas comparables à celle des secteurs innovants aux Etats-Unis d'Amérique, en Chine, qu'il s'agisse des infrastructures énergétiques, de l'intelligence artificielle, des outils de la décarbonation ou des entreprises de services", a déclaré Antoine Armand devant la commission des Affaires économiques du Sénat. Dans ce contexte, il a dit vouloir "défendre un agenda de compétitivité, de croissance et de commerce régulé au niveau européen" parce que "nous courons - et c'est pas du catastrophisme que de le dire - un risque de décrochage".
"Dans quelques années ou quelques décennies, nous pouvons nous retrouver dans une situation où la plupart des technologies critiques et des bases industrielles ne sont maîtrisées que très partiellement par l'Europe et où elle a besoin pour (...) l'approvisionnement, les capacités de résilience pour son économie réelle au quotidien, de capacités productives en dehors de l'Europe", a-t-il développé. Antoine Armand a ainsi plaidé pour "beaucoup plus d'investissements au niveau européen", publics et privés, rappelant que le rapport de l'ex-président de la Banque centrale européenne Mario Draghi prône des emprunts communs pour combler des besoins d'investissements de 800 milliards d'euros par an.
"Nos partenaires européens regardent l'état de nos finances publiques"
Pour la France, avoir "le leadership" requis pour porter ces réformes au niveau européen nécessite de rétablir ses comptes publics fortement dégradés, avec un déficit public attendu jusqu'à 6,2% du PIB en 2024, a-t-il estimé. "Quand le ministre de l'Economie et des Finances français vient défendre ça dans les cénacles européens, forcément, nos partenaires regardent l'état de nos finances publiques. Forcément, ils voient que nous avons 3.300 milliards de dettes, que nous sommes le troisième pays le plus endetté de l'Union européenne et que nous aurons un déficit de plus de 6% cette année et (...) qu'après 2026, selon les estimations actuelles, nous serons le seul pays au-dessus des 3%" de déficit, a-t-il prévenu.
Le projet de budget pour 2025, objet d'âpres discussions à l'Assemblée nationale, prévoit 60 milliards d'euros d'économies pour ramener le déficit public à 5% du PIB l'an prochain.