Réunis en sommet, les dirigeants de l'UE veulent afficher leur soutien à Zelensky
information fournie par Reuters 23/10/2025 à 02:02

par Lili Bayer et Andrew Gray

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne entendent effectuer jeudi une démonstration de soutien au président ukrainien Volodimir Zelensky lors d'un sommet organisé à Bruxelles, après plusieurs jours de remous avec l'annonce d'une rencontre entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine, finalement annulée.

Il est attendu que Volodimir Zelensky participe à ce sommet européen, lors duquel les Vingt-Sept vont réaffirmer la nécessité de respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine et convenir d'avancer sur un projet destiné à utiliser des avoirs russes gelés pour financer un prêt massif à Kyiv.

Un dix-neuvième train de sanctions contre la Russie, prévoyant un embargo sur les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, doit également être formellement validé jeudi, après que la Slovaquie a levé mercredi l'objection opposée au texte finalisé la semaine dernière. Bratislava réclamait notamment des garanties face au risque de flambée des prix de l'énergie.

Le sommet européen va s'ouvrir quelques heures après que Donald Trump a confirmé l'annulation de la rencontre bilatérale avec Vladimir Poutine dans la capitale hongroise Budapest qu'il avait annoncée la semaine dernière, revendiquant alors des "progrès" vers un cessez-le-feu en Ukraine.

"Il me semblait que nous n'irions pas dans la direction où nous devons aller", a déclaré mercredi le président américain devant les journalistes à la Maison blanche, après que son administration a annoncé un peu plus tôt, pour la première fois, des sanctions contre deux entreprises russes.

La perspective d'un nouveau sommet bilatéral entre Donald Trump et Vladimir Poutine, après celui organisé sur la base militaire américaine à Anchorage en Alaska en août dernier, a ravivé chez les alliés de l'Ukraine la crainte que Washington scelle avec Moscou un accord défavorable à Kyiv.

Alors qu'il avait dit envisager de fournir à l'Ukraine les missiles de croisière Tomahawk qu'elle a demandés - des missiles qui permettraient à Kyiv de frapper plusieurs grandes villes russes -, Donald Trump a fait machine arrière quand il a reçu Volodimir Zelensky vendredi dernier, dans la foulée de l'entretien téléphonique que Trump a eu avec Vladimir Poutine.

Les tensions signalées au cours de la réunion à la Maison blanche entre le président américain et son homologue ukrainien, le premier nommé ayant selon des sources pressé le second à effectuer des concessions territoriales à la Russie, ont incité les Européens à montrer que l'Ukraine pouvait toujours compter sur leur soutien.

"PRÊT DE RÉPARATION"

Parmi les signaux du soutien sur le long-terme que Bruxelles entend apporter à Kyiv, une proposition de la Commission européenne prévoyant d'utiliser les avoirs russes gelés en Europe pour fournir à l'Ukraine un "prêt de réparation" de 140 milliards d'euros.

Afin d'avancer sur ce projet, les dirigeants européens vont tenter de répondre aux préoccupations exprimées par la Belgique à propos des risques juridiques et financiers d'un tel prêt. C'est en Belgique qu'est basée Euroclear, structure financière de dépôts de titres, où sont placés la majorité de ces avoirs russes.

Des discussions ont également débuté à propos des conditions potentielles à apposer au prêt qui serait accordé à Kyiv.

Certains pays de l'UE veulent que l'ensemble des fonds soient destinés à l'armée ukrainienne, principalement pour se procurer des armes européennes.

D'autres pensent que l'Ukraine devrait être autorisée à utiliser en partie cet argent pour acheter des armes américaines et pour subvenir à ses besoins budgétaires plus larges.

"Bien qu'il y ait une volonté politique assez claire d'aller de l'avant (sur ce projet), il y a toujours de nombreuses questions", a déclaré un diplomate européen sous couvert d'anonymat.

Une haute représentante ukrainienne a déclaré mercredi dans une interview à Reuters que Kyiv avait besoin de cette aide financière d'ici la fin de l'année et de disposer d'autonomie pour l'utilisation des fonds.

Dans un document envoyé aux pays membres de l'UE que Reuters a pu consulter la semaine dernière, la Commission européenne a suggéré un compromis dans le cadre duquel une grande partie du prêt serait allouée à l'achat d'armes ukrainiennes et européennes, tandis qu'une part plus infime pourrait être utilisée comme soutien budgétaire plus général - sans interdire à Kyiv de s'en servir pour se procurer des armes hors d'Europe.

Il est attendu, comme prochaine étape, que les dirigeants européens demandent à la Commission de formuler une proposition juridique formelle.

Moscou a dénoncé le projet comme une saisie illégale d'actifs russes et prévenu de représailles.

(Lili Bayer et Andrew Gray, avec Julia Payne, Jan Strupczewski, Philip Blenkinsop, Charlotte Van Campenhout et Inti Landauro; version française Jean Terzian)