Réunion entre Européens, Zelensky et Trump avant le sommet Trump-Poutine
information fournie par Reuters 13/08/2025 à 15:51

(Actualisé avec début de la réunion)

par Lili Bayer, Tom Balmforth et Olena Harmash

Des dirigeants européens et le président ukrainien Volodimir Zelensky participaient mercredi à une réunion virtuelle avec Donald Trump, avec l'objectif de convaincre le président américain de préserver les intérêts de l'Ukraine lors du sommet qu'il tiendra dans deux jours avec son homologue russe Vladimir Poutine.

Présent à Berlin, Volodimir Zelensky a été reçu par le chancelier allemand Friedrich Merz, en charge de l'organisation des discussions, pour un entretien bilatéral, avant une conférence téléphonique qui a rassemblé les dirigeants ukrainien, allemand, français, britannique, italien, polonais, finlandais et de l'Union européenne.

Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, a aussi participé aux discussions.

Donald Trump et le vice-président américain J.D. Vance ont ensuite rejoint la visioconférence, selon une source proche du dossier.

"Je m'entretiendrai prochainement avec les dirigeants européens. Ce sont des gens formidables qui souhaitent qu'un accord soit conclu", a écrit mercredi le président américain sur son réseau Truth Social en amont de la réunion.

Dans la foulée de l'appel avec le dirigeant américain, Volodimir Zelensky et Friedrich Merz pourraient s'exprimer aux alentours de 14h00 GMT, selon un agenda de la chancellerie allemande et un porte-parole du président ukrainien.

Une réunion virtuelle de la "coalition des volontaires" pour l'Ukraine est également prévue à 14h30 GMT, dont le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer sont à l'initiative.

Pour Kyiv et ses alliés européens, l'espoir est que les discussions de mercredi servent de contrepoids, ne serait-ce que partiel, au sommet américano-russe de vendredi.

Moscou a pour sa part d'ores et déjà qualifié mercredi les consultations organisées par les Européens d'"insignifiantes".

LA CRAINTE DE DÉCISIONS MAJEURES IMPOSÉES À KYIV

Considéré comme un paria par les puissances occidentales depuis qu'il a ordonné l'invasion de l'Ukraine en février 2022, Vladimir Poutine sera reçu vendredi à Anchorage, en Alaska, par Donald Trump, qui a renoué les échanges directs avec le président russe dès son retour au pouvoir à la Maison blanche en janvier dernier.

Le président américain a présenté ce sommet bilatéral comme une "réunion de prise de contact", avec l'objectif d'avancer dans ses efforts destinés à mettre fin à la guerre en Ukraine - l'une de ses principales promesses électorales en matière de politique étrangère.

Ces derniers jours, l'incertitude entourant l'issue du sommet Trump-Poutine a amplifié les craintes des Européens de voir les présidents américain et russe prendre des décisions de grande ampleur puis de contraindre Kyiv à accepter un accord défavorable.

Alors que l'administration Trump a exprimé par le passé son scepticisme à l'égard de la volonté de l'Ukraine qu'un quelconque accord lui garantisse de récupérer les territoires conquis militairement par la Russie, Donald Trump a prévenu la semaine dernière qu'il y aurait des "échanges de territoires pour le bien des deux parties".

La Russie, qui a annexé la péninsule de Crimée en 2014, occupe près d'un cinquième du territoire ukrainien depuis le début le 24 février 2022 de ce que le Kremlin avait présenté comme une "offensive militaire spéciale" en Ukraine.

Mercredi, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexeï Fadeev a rappelé que la position de Vladimir Poutine sur les conditions de la paix en Ukraine n'avait pas changé depuis qu'il l'a formulée en juin 2024.

Le président russe avait alors exigé le retrait total des troupes ukrainiennes des quatre régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, que Moscou a annexées unilatéralement mais ne contrôle que partiellement.

UN CESSEZ-LE-FEU AVANT TOUT, DEMANDE ZELENSKY

Une poignée de représentants européens de haut rang ont dit à Reuters penser qu'il existait un risque que Washington et Moscou concluent un accord défavorable pour l'Europe et la sécurité de l'Ukraine. Afficher un front européen uni sera vital si un tel scénario venait à se produire, ont-ils ajouté.

On ne peut exclure que Donald Trump cherche à conclure directement un accord avec Vladimir Poutine sans une quelconque implication de Kyiv ou des Européens, a déclaré une personne au fait des délibérations au sein de l'administration américaine.

Cette source a toutefois émis des doutes sur cette hypothèse, notant que cela pourrait engendrer pour Washington des problèmes avec l'Ukraine et l'UE.

Volodimir Zelensky a dit être opposé à tout accord qui prévoirait le retrait complet des troupes ukrainiennes de la région du Donbass, dans l'Est ukrainien, dont une grande partie est occupée par la Russie. Cela affaiblirait les défenses ukrainiennes et faciliterait toute nouvelle offensive de Moscou à l'avenir, a-t-il ajouté.

Le président ukrainien a également déclaré que les questions territoriales pourraient seulement être discutées une fois qu'un cessez-le-feu sera en vigueur et que Kyiv aura obtenu des garanties sécuritaires, alors que Moscou a récemment intensifié ses pressions sur les lignes de front dans l'est de l'Ukraine.

VOIR AUSSI:

Ukraine-Quel accord attendre du sommet Trump-Poutine et peut-il être viable ?

(Lili Bayer à Bruxelles, Tom Balmforth à Londres, Olena Harmash à Kyiv, avec la contribution de Sarah Marsh à Berlin et Steve Holland à Washington; rédigé par Jean Terzian, édité par Blandine Hénault)