République tchèque-Babis en quête d'alliances pour former un gouvernement information fournie par Reuters 05/10/2025 à 13:49
par Jan Lopatka
Le parti ANO du milliardaire Andrej Babis, vainqueur des élections législatives de vendredi et samedi en République tchèque sans majorité absolue à la chambre basse du Parlement, a engagé dimanche des discussions avec deux formations eurosceptiques classées à l'extrême droite pour former une coalition gouvernementale.
L'ANO ("Oui"), parti anti-immigration, allié du Fidesz du Premier ministre hongrois Viktor Orban au sein du groupe Patriotes pour l'Europe au Parlement européen, a remporté le scrutin avec 34,5% des voix, selon les résultats définitifs, devant la coalition de centre-droit sortante dirigée par Petr Fiala, qui a réuni 23,4% des suffrages.
Mais l'ANO ne comptera que 80 élus sur les 200 sièges de la Chambre des députés et espère forger une alliance avec le Parti des Automobilistes et le parti SPD (Liberté et Démocratie directe), hostiles à l'Union européenne, qui réclament des postes au gouvernement.
"Avec les Automobilistes et le SPD, nous aurons 108 sièges", a déclaré Andrej Babis dimanche à l'issue d'un entretien avec le président de la République Petr Pavel.
"Nous devons clarifier nos positions, nous n'avons eu hier soir que des discussions préliminaires", a ajouté sans autre commentaire le milliardaire, qui a déjà occupé le poste de Premier ministre entre 2017 et 2021.
Petr Pavel, qui a le pouvoir de nomination du Premier ministre et doit donner son feu vert à la composition du gouvernement, a laissé entendre qu'il pourrait refuser des ministres ouvertement opposés à l'Otan et l'UE.
Après sa victoire, Andrej Babis a rejeté les accusations selon lesquelles il pourrait affaiblir la position de la République tchèque au sein des deux organisations tout en confirmant qu'il rejetterait la politique climatique de l'UE et son pacte sur l'asile et l'immigration.
L'oligarque âgé de 71 ans, à la tête d'un empire agrochimique qui bénéficie de nombreux contrats publics et de subventions européennes, devra également s'atteler à régler ce conflit d'intérêts. Il est également menacé d'un procès pour fraudes aux subventions publiques qu'il pourrait cependant éviter si le Parlement refuse de lever son immunité.
(Jean-Stéphane Brosse pour la version française)