Relance allemande : la croissance revue à la baisse par les "sages" économiques
information fournie par Boursorama avec AFP 12/11/2025 à 17:06

Monika Schnitzer, Présidente du Conseil allemand des experts économiques, à Berlin le 12 novembre 2025. ( AFP / TOBIAS SCHWARZ )

Le comité des sages allemands a mis en doute mercredi l'efficacité du plan d'investissement décidé par Berlin pour donner un coup de fouet à l'économie, ce qui l'a conduit à abaisser sa prévision de croissance pour l'Allemagne l'an prochain.

Les cinq experts conseillant le chancelier Friedrich Merz pour la politique économique prévoient désormais 0,9% de croissance en 2026, contre 1% en mai, en étant plus pessimiste que le gouvernement qui table encore sur un rebond de 1,3% après une quasi-stagnation (0,2%) en 2025

Pour relancer l'économie, Berlin mise sur un fonds de 500 milliards d'euros sur douze ans adopté en mars, destiné à moderniser les infrastructures vieillissantes et à progresser vers la neutralité climatique, tout en assouplissant fortement les règles d'endettement jusqu'ici très strictes.

Cette approche d'avantage pessimiste "tient au fait que nous examinons la vitesse à laquelle l'argent du fonds spécial va réellement être dépensé, pas seulement ce qui est prévu", a déclaré à l'AFP Monika Schnitzer, présidente du comité des sages.

"À la fin, l'argent sera dépensé, mais nous pensons que cela ne se fera pas très vite, et c'est pourquoi l'effet sur la croissance ne sera pas immédiat", a-t-elle ajouté.

En mai, les "Sages" avaient recommandé à M. Merz un ciblage précis du stimulus budgétaire pour espérer un effet positif sur la croissance dans les années à venir. Cet appel a été renouvelé mercredi.

"Si le fonds était utilisé de manière plus ciblée, il pourrait augmenter la croissance du PIB jusqu'à cinq pour cent d'ici 2030", a déclaré le membre du comité Martin Werding devant la presse.

Selon les plans actuels, seulement une moitié des crédits alloués dans ce fonds serviront à financer des investissements supplémentaires, l'autre moitié provenant de réallocations de dépenses existantes.

Le gain en croissance devrait ainsi être inférieur à deux pour cent, faisant que "des ajustements doivent être effectués", a ajouté M.Werding.

Ces critiques interviennent au moment où la conjoncture allemande "reste globalement faible", selon le rapport.

Grande puissance exportatrice, l'Allemagne voit plusieurs secteurs stratégiques pour son économie toucher le fond - la machine-outil, l'acier, la chimie - quand l'automobile est attaquée de front par la concurrence chinoise.

S'ajoutent les dépendances aux terres rares et semi-conducteurs chinois sur fond de tensions commerciales avec Pékin.

Des facteurs internes, avec le "recul persistant de la compétitivité de l'industrie allemande et le vieillissement démographique", contribuent également à cette phase de morosité, selon le rapport.

Dans ce contexte, Berlin doit conserver la rigueur budgétaire et ne pas multiplier les cadeaux fiscaux, selon l'économiste Veronika Grimm, membre du comité.

La baisse de la fiscalité des entreprises, via un assouplissement des règles d'amortissement, "posera des défis au budget" dans les années à venir, a confirmé Mme Schnitzer.

Selon elle, "il n'est donc pas réaliste de réduire encore plus les impôts que ce qui est déjà prévu".