Recruter par simulation, ces métiers où l'on embauche sans CV information fournie par Boursorama avec Media Services 05/10/2022 à 11:05
"En cassant la barrière du CV, on élargit considérablement notre sourcing en s'affranchissant des critères d'âge, d'expérience, de diplôme", explique une DRH.
Recruter sans CV, c'est possible. Pôle emploi travaille avec des employeurs pour mettre au point une série d'exercices pratiques que les candidats doivent réaliser : c'est la "méthode de recrutement par simulation" (MRS).
Utilisée dans près de 250 métiers, la MRS permet de recruter en se basant, plutôt que les diplômes, sur des habiletés techniques et des comportements attendus sur le poste. "On fait une analyse de poste en se rendant dans l'entreprise et on bâtit la séance de façon à ce qu'elle puisse être utilisée de la même manière partout à Pôle emploi", explique à l' AFP Rabia Bentounes, responsable du centre MRS d'Évry.
Dans la réserve du centre, des dizaines de malles bleues remplies d'exercices pour être préparateur de commandes, commis de cuisine, chef de rayon, ajusteur régleur...
Ce jeudi-là, neuf candidats sont venus, intéressés par l'offre de La Poste : dix CDI de facteurs à un salaire de 1.866 euros brut.
Valérie Caradio, DRH dans l'Essonne, a déjà embauché 15 candidats par la MRS cette année et "a du mal à recruter des personnes qui veulent rester" , notamment du fait de la concurrence d'Amazon. "En cassant la barrière du CV, on élargit considérablement notre sourcing en s'affranchissant des critères d'âge, d'expérience, de diplôme", explique-t-elle.
Les profils dans la salle sont variés : assistante de clientèle de banque, chauffeur livreur, vendeur...
Maîtrise des pré-requis
Valérie Caradio leur décrit la journée type de ce métier "pas facile" avec ses exigences : être véhiculé pour travailler dans tout le département, "travail le samedi", "excellent sens relationnel", "bonne condition physique", rigueur, etc. Deux conseillères Pôle emploi prennent ensuite le relais. De premiers tests minutés permettent de vérifier la maîtrise de "pré-requis" comme les notions de classement alphabétique, de pair et impair... indispensables pour trier rapidement des adresses.
Six des neuf candidats sont retenus pour la MRS proprement dite, où différents exercices vont évaluer leur "respect des consignes", leur capacité à "agir dans une relation de service", "à travailler en équipe", à "se repérer sur un plan", "à mémoriser" ou "être autonome".
Ils devront ainsi choisir dans un QCM leur réaction à une trentaine de saynètes d'interpellations de collègues ou de clients souvent mécontents. Le clou de la séance est la simulation de la tournée. Le candidat a douze cartes de jeu sur lesquelles figurent un nom, une adresse, l'objet à remettre (argent, colis, lettre recommandée...).
En 35 minutes, il doit pour chaque carte : repérer l'adresse sur un plan, effectuer la livraison en appliquant les consignes en fonction du type d'objet, de la présence ou non du destinataire incarné par la conseillère Pôle emploi, etc. "Ca n'a pas l'air compliqué mais ça fait beaucoup d'informations à assimiler en même temps", reconnait Sadio Coulibay.
Ce Malien de 33 ans, qui a enchainé des CDD dans l'Éducation nationale, ne parviendra à délivrer que la moitié des courriers. Mais il obtiendra la note requise grâce à son aisance orale avec le client et son respect des consignes, ces facteurs comportementaux ("soft skills") étant jugés par la Poste plus importants que d'autres qui s'amélioreront par la pratique.
Moins d'une semaine après, Sadio Coulibaly aura eu son entretien de motivation et fera partie des trois personnes embauchées cette fois-ci.