Des milliers d'Israéliens dans la rue pour appeler à la libération des otages à Gaza information fournie par AFP 17/08/2025 à 17:21
Des milliers d'Israéliens sont descendus dimanche dans la rue pour réclamer de leur gouvernement un accord de cessez-le-feu à Gaza qui garantirait la libération des otages, des demandes rejetées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Blocage de routes dans plusieurs villes du pays, pneus en feu et quelques échauffourées avec les forces de l'ordre déployées en force pour cette mobilisation à l'appel des familles des otages retenus à Gaza depuis près de deux ans.
A l'exception d'opérations ponctuelles en divers endroits du pays, l'activité est néanmoins restée relativement normale à Tel-Aviv comme à Jérusalem, a constaté l'AFP.
Un immense drapeau israélien, floqué de portraits de personnes kidnappées, a été déployé à Tel-Aviv sur la "place des otages", devenue emblématique depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.
Le gouvernement Netanyahu affirme sa détermination à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza pour en finir avec le Hamas et prendre le contrôle sécuritaire de l'ensemble du territoire palestinien assiégé et affamé. Dimanche, 18 Palestiniens y ont encore péri selon la Défense civile locale.
- "Chute sans fin" -
"Ceux qui appellent aujourd'hui à mettre fin à la guerre sans une défaite du Hamas (...) renforcent la position du Hamas et éloignent la libération de nos otages (...)", a accusé M. Netanyahu lors de la réunion du gouvernement.
Le chef d'état-major, Eyal Zamir, a tenu dimanche une réunion avec des responsables militaires à l'issue de laquelle il a annoncé que l'armée allait "concentrer" ses opérations sur la ville de Gaza, avec pour but affiché de vaincre le Hamas et libérer les otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.
L'annonce de ce plan a suscité l'effroi de familles d'otages qui craignent que l'opération n'entraîne la mort de leurs proches et ont appelé aux manifestations de dimanche.
Dimanche, premier jour de la semaine en Israël, la plupart des magasins sont restés ouverts à Jérusalem et à Tel-Aviv, ont constaté des journalistes de l'AFP. Et ce malgré un appel à une grève de solidarité avec les otages lancé par le Forum des familles d'otages, l'opposition et une partie du monde économique et syndical.
De petites manifestations et rassemblements ponctuels ont eu lieu dans la matinée en plusieurs points du pays, comme sur l'autoroute reliant Tel-Aviv à Jérusalem, ou encore en périphérie de Jérusalem, où la police a fait brièvement usage d'un canon à eau pour dégager une poignée de manifestants installés dans un tunnel.
"Le terrible chaos à Gaza pourrait se prolonger indéfiniment, tout comme les pertes humaines. Nous devons arrêter cette chute sans fin et terrifiante dans l'abîme. Cela doit cesser", a plaidé Nira Sharabi, épouse de Yossa Sharabi, dont le corps est toujours entre les mains du Hamas à Gaza. Elle participait à un rassemblement à Beeri, un kibboutz près de la frontière de Gaza qui a été l'une des communautés les plus durement touchées lors de l'attaque du 7 octobre.
- "Tout le monde est fatigué" -
Le point d'orgue des protestations sera en fin d'après-midi à Tel-Aviv, où les manifestants, brandissant portraits des captifs, drapeaux israéliens et bannières jaunes, la couleur symbole des otages, ont commencé à converger sur la "place des otages".
"Nous faisons tous les efforts pour les ramener (...) On peut avoir des désaccords, mais en vérité, tout le peuple d'Israël veut que nos frères et sœurs rentrent à la maison", a déclaré sur cette place le président israélien Isaac Herzog, qui a appelé "le monde à faire pression sur le Hamas".
"Si nous ne les ramenons pas maintenant, nous les perdrons à jamais", s'est alarmé le Forum des familles.
Beaucoup d'Israéliens exprimaient cependant leur scepticisme sur les objectifs de ce mouvement. "Bien sûr, il est temps de mettre fin à la guerre, tout le monde est fatigué (...). Cela doit se terminer, mais de quelle façon, ce n'est pas entre nos mains, c'est entre les mains du Hamas. Toutes ces manifestations, à quoi servent-elles? Je ne comprends pas", a commenté à l'AFP Patric Menache, investisseur immobilier.
La police a fait état à la mi-journée de 32 manifestants arrêtés.
"Bloquer les routes principales en Israël et perturber la vie des citoyens est une récompense pour l'ennemi", a déploré le ministre de la Culture, Miki Zohar, qui a fustigé les manifestations.
"Ce qui affaiblit le plus le Hamas, c'est de voir que nous sommes unis, qu'il y a de la solidarité entre nous", a réagi le chef de l'opposition Yair Lapid.
Sur les 251 otages enlevés le jour de l'attaque du 7-Octobre, 49 restent retenus à Gaza, dont 27 décédés, selon l'armée israélienne.
Le Hamas et le Jihad islamique, son allié à Gaza, ont diffusé début août des vidéos montrant deux otages israéliens décharnés et affaiblis, qui ont choqué en Israël.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
L'offensive de représailles israélienne à Gaza y a fait 61.944, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire.