Quatre-vingt ans après la bombe atomique, Hiroshima avertit contre le danger nucléaire
information fournie par Reuters 06/08/2025 à 05:23

Tout juste 80 ans après qu'Hiroshima a été frappée par une bombe atomique lors de la Deuxième Guerre mondiale - un fait sans précédent dans l'Histoire -, des milliers de personnes se sont réunies mercredi dans la ville japonaise pour prier, tandis que le maire a prévenu que le danger nucléaire existait toujours.

Hiroshima, située dans l'ouest du Japon, a été rasée le 6 août 1945 quand les Etats-Unis ont bombardé la ville avec une bombe à l'uranium surnommée "Petit Garçon" ("Little Boy"), tuant immédiatement environ 78.000 personnes.

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, Hiroshima abritait le siège de certaines unités militaires et une base de ravitaillement majeure. Les stratèges de guerre américains ont évalué que les montagnes entourant la ville permettraient de concentrer et d'accroître la puissance de destruction de la bombe.

En plus des personnes mortes sur le coup, des dizaines de milliers de personnes supplémentaires ont péri au fil des mois suivants, cette année-là, à cause des radiations.

Les Etats-Unis ont lancé trois jours plus tard une bombe au plutonium contre la ville de Nagasaki, puis le Japon a capitulé le 15 août 1945.

Des représentants de 120 pays et territoires ont assisté à la cérémonie annuelle organisée au Parc du mémorial de la paix d'Hiroshima, parmi lesquels des représentants des Etats-Unis, superpuissance nucléaire mondiale, et d'Israël, qui n'a jamais confirmé ni infirmé disposer de l'arme atomique.

Après un moment de silence observé à 08h15, soit l'heure exacte de l'explosion 80 ans plus tôt, le maire de la ville, Kazumi Matsui, a appelé les dirigeants mondiaux à retenir les leçons d'Hiroshima et de Nagasaki, prévenant des dangers de la propension au renforcement militaire à travers le monde.

"Parmi les dirigeants politiques mondiaux, il y a une croyance grandissante selon laquelle posséder des armes nucléaires est inévitable pour protéger son pays", a-t-il dit, relevant que les Etats-Unis et la Russie détenaient à eux deux environ 90% des têtes nucléaires mondiales.

"Cette situation, en plus de nullifier les leçons que la communauté internationale a apprises de la tragique histoire du passé, nuit gravement aux cadres mis en place pour consolider la paix", a-t-il ajouté.

"A tous les dirigeants mondiaux: venez visiter Hiroshima et constater par vous-mêmes la réalité de la bombe atomique".

Durant les décennies ayant suivi les deux attaques, les survivants - appelés "hibakusha" au Japon - ont souvent été victimes de discrimination, alors que se sont répandues des rumeurs selon lesquelles ils étaient porteurs de maladies et que leur descendance pourrait également être affectée.

Pour la première fois, le nombre de survivants est devenu cette année inférieur à 100.000.

Le Japon, seul pays à avoir subi des attaques nucléaires, a répété son engagement à une dénucléarisation mais n'est toutefois ni partie prenante ni observateur du traité de l'Onu interdisant l'arme atomique.

(Reportage de Joseph Campbell et Tom Bateman; version française Jean Terzian)