Emoi après des heurts lors du concert d'un orchestre israélien à Paris
information fournie par AFP 07/11/2025 à 16:39

Le bâtiment de la Philarmonie de Paris, réalisé par l'architecte Jean Nouvel, à Paris, le 29 janvier 2025 ( AFP / Sébastien DUPUY )

Fumigènes dans les gradins, heurts, interruptions du concert: les incidents qui ont émaillé jeudi soir un concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël à Paris suscitent une vague de condamnations dans la classe politique, à l'exception de LFI.

Trois hommes et une femme ont été placés en garde à vue pour participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, selon la justice. Un des suspects est fiché S pour ses liens avec la "mouvance contestataire", selon une source proche du dossier.

Le ministre de l'Intérieur Laurent Nunez a indiqué que la soirée avait été "perturbée par des militants (...) pro-palestiniens", dont deux "ont craqué des fumigènes", ce qui est "totalement irresponsable".

"Il n'y a aucune cause qui justifie qu'on mette en danger la vie des spectateurs", a-t-il ajouté lors d'un déplacement à Bourges, en précisant qu'un dispositif policier "assez conséquent" avait été déployé avant le concert à l'extérieur et à l'intérieur de la salle.

La Cité de la musique-Philharmonie de Paris a indiqué avoir porté plainte et a condamné "fermement les graves incidents" survenus dans la grande salle de concert Pierre-Boulez.

Des vidéos en ligne montrent une personne qui brandit un fumigène depuis les gradins. D'autres personnes tentent de l'intercepter et des violences éclatent.

"A trois reprises, des spectateurs ont tenté de diverses manières d'interrompre le concert, dont deux fois avec l'usage de fumigènes", a précisé la Philharmonie.

"Le concert a démarré normalement. Il s'est passé quelques minutes, ensuite il y a eu un premier mouvement de foule et une altercation", a raconté à l'AFP Méryl Mputu, une spectatrice venue avec une amie, "qui a eu vraiment peur".

"On ne s'attend pas à ce qu'il y ait des moments de tensions dans cet environnement-là, parce qu'on se dit c'est la culture, c'est la musique", a déploré cette mélomane.

Les agitateurs évacués, le concert s'est "achevé dans le calme" sous la direction du chef d'orchestre Lahav Shani, selon la Philharmonie.

L'intérieur de la salle de concert de la Philharmonie de Paris, le 14 janvier 2015 ( AFP / FRANCOIS GUILLOT )

- "Visée politique" -

"La violence n'a pas sa place dans une salle de concert", a dénoncé la ministre de la Culture Rachida Dati, en soulignant que "la liberté de programmation et de création est un droit fondamental de notre République".

Aurore Bergé, ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, a pour sa part qualifié d'"indigne de notre pays" ce qu'"a subi" l'Orchestre philharmonique d'Israël. "L'antisémitisme, sous toutes ses formes, n'aura jamais sa place en France", a-t-elle ajouté.

"Dès que ces voyous ont fait sortir des fumigènes, ils se sont fait tabasser. C'était le public qui réagissait naturellement", a affirmé à l'AFP l'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka, présent au concert.

De son côté, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon "ne condamne pas" les incidents. "Vous ne pouvez pas empêcher à des gens d'exprimer une protestation contre un génocide", a-t-il affirmé.

Manon Aubry, députée européenne LFI, a également refusé sur Cnews-Europe 1 de condamner les violences, en soulignant que l'orchestre "représente l'Etat israélien".

"Il y avait une visée politique dans ce concert" qui "s'est conclu par l'hymne national israélien joué en bis", a argué auprès de l'AFP Ghislain Gauthier, secrétaire général de la CGT Spectacle.

Ces derniers jours, la CGT Spectacle avait réclamé que la Philharmonie "rappelle à son public les accusations gravissimes qui pèsent contre les dirigeants" d'Israël, notamment dans la guerre à Gaza. Des militants propalestiniens avaient aussi demandé l'annulation du concert.

Pour sa part, la cheffe de file du RN Marine Le Pen a dénoncé des actes "intolérables" provoqués par "des activistes antisémites d'extrême gauche" et le président du parti, Jordan Bardella, a dénoncé "un acte de haine antisémite".

En septembre, l'Orchestre philharmonique de Munich avait été déprogrammé d'un festival belge où il devait se produire sous la direction de Lahav Shani.

Le chef d'orchestre de 36 ans avait alors accusé la direction de ce festival d'avoir cédé "aux pressions politiques".

Sollicité par l'AFP, l'entourage de Lahav Shani a indiqué qu'il n'était pas disponible pour réagir et "restait concentré sur la musique et ses musiciens".