"Quand je vois la peur panique de Zemmour,je me dis que nous devons vraiment être flippants"ou"La gauche a du mal, autant que la droite, à voir l'immigré comme un être humain" information fournie par Le Point 09/10/2019 à 12:54
En cette époque obsédée par les identités, voilà un antidote réjouissant. Dans "Eloge du métèque" (Grasset), Abnousse Shalmani rend un vibrant hommage à la figure de l'étranger. On y croise Romain Gary, Hercule Poirot et Salman Rushdie, et tous ces exilés libres ayant fait des pieds de nez aux racistes comme aux communautaristes. La romancière et journaliste, qui a fui l'Iran de Khomeiny avec ses parents en 1985, y parle aussi beaucoup d'elle-même, confirmant sa voix singulière entre une droite qui ne voit le métèque que comme un grand-remplaciste en puissance, et une gauche pour qui il est une éternelle victime. Entretien.Le Point : Pourquoi avoir voulu faire un éloge du métèque, cette figure qui nous vient de l'Antiquité grecque ?Abnousse Shalmani : Le métèque chanté par Moustaki est le dernier sursaut du métèque poétique. Aujourd'hui, il ne reste plus que la figure de l'immigré, qui a exclusivement une dimension politique ou économique. Au départ, le métèque (du grec métoïkos) est un être solitaire, anticommunautaire, en rupture avec son pays d'origine et qui ne rentre pas dans les cases de son pays d'adoption. Le métèque est un peu la version aristocratique de l'immigration, mais c'est aussi une figure douloureuse car seule. Sous l'Antiquité grecque, le métèque est l'homme libre qui a changé de cité. Il a un statut juridique bâtard. On lui assure l'égalité devant l'impôt, sans lui accorder le droit de participer à la...