Procès Jubillar: la meilleure amie de l'infirmière et des collègues à la barre information fournie par AFP 01/10/2025 à 07:53
La septième journée d'audience du procès de Cédric Jubillar doit être consacrée mercredi à la vie de son épouse Delphine, disparue en décembre 2020 et qu'il est accusé d'avoir tuée, au travers du témoignage de l'une de ses plus proches amies et de plusieurs collègues infirmières.
"On va revenir sur ce que Delphine était capable de livrer à son entourage amical, social et professionnel", a anticipé Laurent Boguet, l'un des avocats des enfants du couple, Louis, 11 ans, et Elyah, 6 ans.
La jeune femme, disparue à 33 ans dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn), travaillait en tant qu'infirmière de nuit à la clinique Claude-Bernard d'Albi et nourrissait une vie sociale notamment centrée autour de l'école de son fils Louis.
L'audition de sa meilleure amie Anne, dont les enfants étaient scolarisés dans la même école, devrait fournir à la cour une fenêtre inédite sur les atermoiements des derniers mois de la vie de Delphine Jubillar, qui prévoyait de prendre un appartement et de refaire sa vie.
"Finalement, on ne sait jamais véritablement comment fonctionnent les gens quand la porte de leur intérieur se referme derrière eux", a poursuivi Me Boguet. "Et pour autant, c'est l'impérieux devoir d'une cour d'assises que d'essayer d'apprécier un petit peu les tensions qui pouvaient exister."
- "Pilier" -
Mardi, les trois magistrats et les jurés avaient entendu la sœur et les frères de Delphine Jubillar, ainsi que ses cousines, tante et oncle qui, unanimes de chagrin à la barre, ont décrit une personnalité rayonnante, "pilier" de la famille.
"Elle était tout pour nous, elle était comme une fille", a soufflé sa tante maternelle, dont les sanglots ont affleuré à plusieurs reprises et dont elle s'était beaucoup rapprochée à la mort de sa mère atteinte de démence en 2016.
Tous ont dit à quel point il leur semblait "impensable" que Delphine parte, tant elle "aimait ses enfants".
Louis et Elyah, 6 ans et 18 mois à l'époque, "c'était sa raison de vivre", "c'est pour moi impensable que Delphine parte seule, c'est forcément que quelque chose de grave est arrivé", a estimé son petit frère Mathieu, de huit ans son cadet et dont elle s'était beaucoup occupée pour soulager sa mère.
La fratrie, à différents degrés, a exprimé sa méfiance à l'encontre de l'accusé. "C'est un menteur. Je n'ai jamais trop pu lui faire confiance", a notamment lancé l'aînée Stéphanie, au visage marqué.
Veste noire et barbe de trois jours, il a pu leur répondre lorsque la présidente Hélène Ratinaud lui a donné la parole dans l'après-midi: "Je l'aimais, j'étais amoureux d'elle (...) et après on s'est perdus", a-t-il déclaré, situant le moment de la fracture "à partir du moment où elle a demandé le divorce".
- "Je lui ai rien fait" -
Interrogé sur les raisons qu'il avait évoquées concernant la disparition de son épouse, dont celles de l'endoctrinement dans une secte ou d'un départ pour le jihad, il a répondu: "Elle est peut-être partie, on sait pas. Ce qui est sûr, c'est que moi je lui ai rien fait à Delphine."
Accusé de violences psychologiques contre son épouse par les proches de cette dernière, il a rétorqué: "Si elle était soumise comme vous le dites, elle n'aurait pas eu droit à des sorties etc., donc elle n'était pas tant soumise que ça!"
"Il apparaît comme étant quelqu'un qui n'avait pas une considération très forte pour la gent féminine, et pour sa femme en particulier. (...) C'est un portrait un peu embarrassant pour lui, il est cohérent avec ce qu'on lui reproche", a estimé lors d'une suspension d'audience Laurent de Caunes, l'avocat des frères et sœur.
Le verdict est attendu le 17 octobre, au terme de quatre semaines de procès.