Prise à la gorge par les sanctions, l'industrie aronautique russe se concentre
information fournie par Boursorama avec Media Services 25/11/2024 à 15:19

Les deux-tiers des avions en Russie sont de construction étrangère et ils transportent 95% des passagers.

Des avions Mig, Tupolev et Iliouchine à Moscou, en Russie, le 7 mai 2022. ( AFP / YURI KADOBNOV )

Plongée dans la crise par les sanctions imposées en représailles de l'assaut russe contre l'Ukraine, l'aviation civile russe est en pleine effervescence. Dernière manœuvre en date, la réorganisation des avionneurs Yakovlev et Toupolev, lancée lundi 25 novembre par le consortium de l'industrie aéronautique russe OAK.

Ces sanctions affectent en particulier la maintenance des appareils Boeing et Airbus en Russie , soit l'essentiel de la flotte civile. Le président russe Vladimir Poutine a ordonné la création d'appareils russes, mais ces programmes accumulent les retards. "Compte-tenu de la nécessité de remplacer les importations et de lancer la production en série d'avions de ligne civils nationaux dans des délais serrés et sans précédent, OAK a décidé de prendre le contrôle direct la gestion des programmes" de construction des avionneurs Yakovlev et Toupolev, a annoncé le consortium dans un communiqué. Cette réorganisation "permettra de concentrer toutes les ressources sur (...) le lancement de la production en série des avions de ligne civils nationaux", selon OAK.

La gestion de Yakovlev a été confiée au nouveau PDG de OAK Vadim Badekha, nommé début novembre, et celle de Toupolev à son adjoint Alexandre Bobrychev qui avait déjà dirigé l'avionneur entre 2009 et 2013, selon OAK. Les chefs des deux compagnies, Yakovlev et Toupolev, "Andreï Boguinski et Konstantin Timofeev quittent leurs postes", selon le texte.

Problèmes de maintenance

Les deux-tiers des avions en Russie (67,1 % des 1.101 avions civils dont disposait le pays avant son offensive contre Kiev) sont de construction étrangère et ils transportent 95% des passagers, selon le quotidien gouvernement Rossiiskaïa Gazeta . L'âge moyen de ces appareils est de 14,6 ans, et ceux-ci font face à des problèmes de maintenance du fait des sanctions, accroissant les risques d'accidents.

Même avant le conflit, la Russie peinait à concevoir des appareils nationaux sûrs, en nombre suffisants et n'utilisant pas de pièces occidentales, alors même que le transport aérien est particulièrement crucial dans le pays le plus grand du monde.

La Russie s'est fixée comme objectif de construire 142 Soukhoï Superjet , un appareil qui a connu de nombreux déboires en matière de sécurité, et 270 MS-21, un appareil qui n'a pas encore vu le jour, d'ici 2031, annonçait en mai le ministère de l'Industrie et du Commerce, cité par le quotidien RBK . Mais les premières livraisons ont déjà été repoussées d'un à trois ans suivant les modèles, selon la même source.