Près du front, les Ukrainiens espèrent la paix mais pas à n'importe quelles conditions information fournie par Reuters 19/02/2025 à 18:07
par Vitalii Hnidyi et Valentyn Ogirenko
Près de l'ancienne minoterie de son village, détruite par un bombardement russe, Mykola Havrylov s'inquiète des conditions auxquelles l'Ukraine pourrait être contrainte de conclure un accord de paix avec la Russie.
Bien que la ligne de front se rapproche dangereusement de Novopavlivka, petite bourgade située à la limite de la région de Dnipropetrovsk dont les combats ne sont plus éloignés que de 13 km, les habitants disent craindre que Kyiv ne soit forcée à faire d'importantes concessions territoriales à Moscou, ce qui les laisserait à portée des canons russes.
Alors que le président américain Donald Trump accentue la pression pour mettre rapidement fin au conflit en reprenant publiquement à son compte la quasi totalité des conditions posées par la Russie, les Ukrainiens ne cachent pas leur inquiétude en même temps que leur impuissance face aux évènements en cours.
Sur le champ de bataille, malgré une nette infériorité numérique, les soldats ukrainiens continuent de ralentir autant qu'ils peuvent le grignotage de l'armée russe dans la région industrielle du Donbass.
Les forces de Moscou se rapprochent lentement de la limite avec la région de Dnipropetrovsk, considérée comme une zone tampon entre l'Est ravagé par la guerre et le centre de l'Ukraine.
A mesure que les combats se rapprochent de Novopavlivka, les frappes aériennes russes deviennent plus fréquentes, ont dit les habitants à Reuters.
Des maisons éventrées par des bombes guidées larguées par l'aviation russe bordent des rues du village, qui sont devenues autant d'accès au front pour les véhicules blindés ukrainiens. Des hélicoptères bourdonnent à basse altitude et l'on entend un vacarme constant d'explosions et de tirs de mitrailleuses lourdes dans le lointain.
"C'est douloureux de regarder ça, et douloureux de réaliser que le front est maintenant tout proche", soupire le directeur de l'école de Novopavlivka, Youri Bilyk, en montrant son établissement fortement endommagé.
Mykola Havrylov dit ne pas comprendre que les alliés occidentaux de l'Ukraine n'aient pas agi avec davantage de détermination sur le plan militaire comme diplomatique pour mettre fin à l'offensive russe, laissant les civils ukrainiens à la merci du cynisme de Moscou et de Donald Trump.
"Je ne comprends pas, et je pense que je ne suis pas le seul", dit-il, désabusé.
(Rédigé par Dan Peleschuk, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)