Poutine répète que la Russie parachèvera la conquête du Donbass, alors que la diplomatie est en échec information fournie par Reuters 04/12/2025 à 13:11
Vladimir Poutine a répété dans une interview publiée jeudi que la Russie prendrait le contrôle de la totalité du Donbass par la force si l'armée ukrainienne ne s'en retire pas, ce que Kyiv refuse catégoriquement alors que les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre semblent dans l'impasse.
Donald Trump a lui-même estimé dans la nuit de mercredi à jeudi que l'avenir des discussions était incertain faute de compromis entre les deux belligérants, en dépit de l'entretien qu'il a qualifié de "relativement bon" de son émissaire, Steve Witkoff, et de son gendre, Jared Kushner, avec Vladimir Poutine mardi à Moscou.
Si le président américain a dit vouloir croire que son homologue russe "aimerait conclure un accord", ce dernier campe sur ses revendications, notamment territoriales.
"Soit nous libérons ces territoires par la force, soit les troupes ukrainiennes quittent ces territoires", a dit Vladimir Poutine à India Today avant une visite à New Delhi, selon un extrait diffusé par la télévision d'État russe.
La Russie contrôle la totalité de la région de Louhansk et 80% de celle de Donetsk - les deux régions qui constituent le Donbass -, en bonne partie depuis sa première invasion en 2014 sous couvert de soutien à des forces "séparatistes", et elle s'emploie depuis bientôt quatre ans à conquérir les territoires manquants.
L'Ukraine rejette de son côté l'idée même de céder à Moscou des territoires, a fortiori ceux que les forces russes n'ont pas réussi à conquérir, le président Volodimir Zelensky soulignant que la Russie ne devrait pas être récompensée pour une guerre qu'elle a déclenchée.
"Nous n'avons pas oublié les noms de ceux qui ont trahi les générations futures à Munich (en 1938)", a déclaré jeudi le chef de la diplomatie ukrainienne, Andrii Sybiha. "Cela ne doit plus jamais se reproduire. Les principes doivent être intouchables, et nous avons besoin d'une véritable paix, pas d'apaisement", a-t-il ajouté lors de la réunion annuelle du conseil ministériel de l'OSCE.
Emmanuel Macron a abondé dans ce sens lors d'un déplacement en Chine jeudi, où le président français s'est entretenu avec Xi Jinping. "Nous devons tout faire pour que des compromis soient trouvés, mais que derrière le droit international soit préservé et que la stabilité soit tenue dans la durée", a-t-il dit.
COMBATS ET BOMBARDEMENTS CONTINUENT SANS RELÂCHE
Dans le Donbass, les combats se concentrent depuis plus d'un an autour de la petite localité de Pokrovsk, un ancien centre logistique considéré comme un verrou sur la route des deux dernières grandes villes de la région de Donetsk encore contrôlées par l'Ukraine.
Moscou a revendiqué en début de semaine la conquête de la ville réduite à l'état de ruines, mais le chef d'état-major de l'armée ukrainienne, Oleksandr Syrsky, a une nouvelle fois assuré jeudi que les combats se poursuivaient dans les quartiers nord de Pokrovsk.
Outre les combats dans ce secteur, l'armée russe continue de lancer des attaques sur toute la longueur de la ligne de front, qui s'étire sur 1.200 km, tout en bombardant massivement chaque nuit les infrastructures énergétiques et industrielles de l'Ukraine.
Des dizaines de milliers d'Ukrainiens étaient privés jeudi d'électricité et de chauffage dans le sud du pays, après des attaques nocturnes visant notamment les villes de Kherson et d'Odessa.
"Une fois de plus, les terroristes font la guerre à la population civile", a dénoncé le gouverneur de la région de Kherson, Oleksandr Prokoudine.
Lors des discussions avec les États-Unis sur les grandes lignes d'un éventuel accord de paix, la Russie a déclaré à plusieurs reprises qu'elle entendait contrôler l'ensemble des régions ukrainiennes qu'elle dit avoir annexées, notamment le Donbass, et exigé que Washington reconnaisse officieusement son autorité sur ces territoires.
Moscou considère depuis 2022 que les régions ukrainiennes de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia font désormais partie de son territoire, après des "référendums" dont Kyiv comme ses alliés occidentaux n'ont pas reconnu la légalité. La Russie avait déjà annexé la Crimée en 2014 en violation du droit international.
Après sa rencontre avec Steve Witkoff et Jared Kushner au Kremlin mardi, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait accepté certaines propositions américaines sur l'Ukraine, sans préciser lesquelles.
(Bureaux de Reuters à Moscou, Kyiv, Washington et Pékin ; version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)