Poutine ne cessera les hostilités que si l'armée ukrainienne se retire
information fournie par AFP 27/11/2025 à 23:16

Photo diffusée par l'agence de presse russe Sputnik montrant le président russe Vladimir Poutine s'adressant aux médias russes à Bichkek, le 27 novembre 2025 au Kirghizstan ( POOL / Alexey NIKOLSKY )

Vladimir Poutine a déclaré jeudi que la Russie ne cesserait les hostilités en Ukraine que si les forces de Kiev acceptent de se retirer des territoires dont elle revendique l'annexion, faute de quoi l'armée russe les prendra "par la force".

La présidence ukrainienne a de son côté formellement exclu tout renoncement à des territoires, affirmant que le seul sujet réaliste était un cessez-le-feu sur la ligne de front.

Ces déclarations du président russe interviennent alors que les Etats-Unis ont présenté la semaine dernière un plan visant à mettre fin à la guerre, lancée en 2022, qui a été perçu comme largement favorable aux demandes du Kremlin. Ce texte a été amendé le week-end dernier après des consultations avec les Ukrainiens et doit désormais être présenté à Moscou.

"Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés (par l'Ukraine selon lui, ndlr), nous cesserons les hostilités. Si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire", a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse à Bichkek, au Kirghizstan.

M. Poutine n'a pas précisé s'il parlait uniquement des régions de Donetsk et de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, vues comme cibles prioritaires par le Kremlin, ou également de celles de Kherson et Zaporijjia dans le sud.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio (c), l'envoyé spécial américain Steve Witkoff (2e g) et le secrétaire américain à l'Armée de terre Daniel Driscoll (4e g) lors de discussions avec une délégation ukrainienne sur un plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, le 23 novembre 2025 à Genève ( AFP / Fabrice COFFRINI )

La Russie avait revendiqué en septembre 2022 l'annexion de ces quatre territoires qu'elle ne contrôle pas entièrement.

La cession par Kiev à Moscou des régions de Donetsk et de Lougansk figuraient dans le plan originel en 28 points des Etats-Unis, mais ce texte a été considérablement amendé par l'Ukraine, soutenue par les Européens.

Cette nouvelle mouture n'a pas été dévoilée mais elle ne contient plus de conditions maximalistes et n'offre pas de solution concernant les territoires occupés par la Russie, selon des sources interrogées à Kiev par l'AFP.

L'émissaire américain Steve Witkoff est attendu la semaine prochaine à Moscou pour évoquer ce plan américain avec les responsables russes.

- Kiev ne renoncera à "aucun territoire" -

Le chef de cabinet du président ukrainien, Andriï Iermak, a exclu tout retrait ukrainien, dans une interview au média américain The Atlantic publiée jeudi.

Le Monument de l'Indépendance dominant la place de l'Indépendance à Kiev, le 27 novembre 2025 en Ukraine ( AFP / Sergei GAPON )

"Tant que Zelensky est président, que personne n'espère que nous renoncerons à des territoires. Il ne renoncera à aucun territoire", a dit ce proche de Volodymyr Zelensky.

"Tout ce dont nous pouvons parler de manière réaliste aujourd'hui, c'est de définir la ligne de contact" entre les deux armées, a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs annoncé sur Telegram que le "travail conjoint des délégations ukrainienne et américaine" sur le plan se poursuivrait "à la fin de cette semaine".

Vladimir Poutine a répété jeudi que le plan américain pouvait "servir de base à de futurs accords" entre Moscou et Kiev. Selon lui, l'un des "points clés" des négociations avec Washington sera la reconnaissance du Donbass - les régions de Donetsk et Lougansk - et de la Crimée, annexée en 2014, comme territoires russes.

Evolution du contrôle territorial par la Russie en Ukraine et comparaison avec les propositions du plan américain vu par l'AFP le 21 novembre, pour les régions d'Ukraine concernées par ce plan ( AFP / Valentin RAKOVSKY )

"Nous avons besoin d'une reconnaissance (internationale), mais pas de la part de l'Ukraine", a-t-il ajouté.

M. Poutine a aussi répété que son pays n'avait aucune intention d'attaquer l'Union européenne, mais a menacé de "mesures de rétorsion" économiques en cas de saisie en Europe des avoirs russes gelés.

Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a estimé jeudi que les intentions réelles du président russe dans ces négociations seraient vite claires.

"Nous verrons dans les semaines à venir – cela ne prendra pas longtemps pour comprendre – si Poutine a une réelle intention" de faire la paix, a-t-il dit.

"Nous espérons que cette fois la Russie voudra vraiment s'asseoir à la table et négocier. Je ne suis pas optimiste", a-t-il ajouté, notant que la Russie recrutait encore des troupes et augmentait ses investissements militaires.