Pour le Prix Nobel d'économie, la retraite à points colle avec "la psychologie des travailleurs français" information fournie par Boursorama avec Media Services 21/10/2025 à 12:02
Philippe Aghion a une nouvelle fois défendu cette piste de réforme, abandonnée par l'exécutif en 2023.
"Un système à points donne aux gens la liberté". En pleine lumière depuis son élection comme Prix Nobel d'Economie 2025 le 13 octobre dernier, Philippe Aghion a plaidé mardi 21 octobre pour la retraite à points, qui est selon lui compatible avec l'état d'esprit des travailleurs en France. L'économiste est un partisan revendiqué de cette piste de réforme, et avait déjà exprimé ses faveurs envers ce système à l'occasion de plusieurs autres entretiens au cours des derniers jours.
"Âge pivot, âge limite... C'est pas pour la France. Nous, il faut des points, c'est tout" , avait-il ainsi déjà jugé à l'antenne de France 24 , le 16 octobre dernier.
Au-delà de la suspension de l'actuelle réforme des retraites, nécessaire selon lui pour "retrouver une sérénité et éviter une nouvelle censure", Philippe Aghion pense "qu'il faudra une réforme plus fondamentale, celle du système à points".
A l'antenne de Radio Classique , l'économiste en a rappelé le principe : "Chaque point est défini en pourcentage du salaire moyen, et quand vous souhaitez liquider votre retraite, les points sont convertis en revenu de retraite sur la base de la valeur du point, qui augmente chaque année avec le salaire moyen". "Vous pouvez choisir de partir plus tard et d'avoir une retraite plus grande", avec "éventuellement un nombre d'années de travail minimum". "Un système à points donne aux gens la liberté, ça me paraît un système qui convient à la psychologie des travailleurs français" , juge t-il ainsi.
La semaine dernière, Philippe Aghion avait assuré qu'Emmanuel Macron "pensait à l'idée d'un référendum sur la réforme à points", à laquelle il avait renoncé en 2023. Le Prix Nobel d'Economie a par ailleurs écorché Edouard Philippe, dont il pointe la responsabilité sur la question sensible de l'établissement d'un âge pivot, qui selon lui "a tout foutu en l'air". Le chef de l'Etat a été "trop gentil avec son Premier ministre de l'époque", avait-il ainsi estimé sur France 24.
Mardi il a plus prudemment estimé que le président de la République "considère" une telle réforme vers un système à points, "la regarde comme une option". Une conférence des partenaires sociaux consacrée aux retraites doit s'ouvrir prochainement.
Aghion, un "ami critique" de Macron
Interrogé sur ses relations avec le président de la République, qu'il a conseillé mais avec lequel il a eu des désaccords, comme sur la retraite à 64 ans, M. Aghion a indiqué n'être "jamais passé de l'adulation au bashing (dénigrement NDLR) : il y a des gens, des gens de cour, ils adulent complètement au début et ils décapitent à la fin, je ne fais ni l'un ni l'autre, j'ai toujours été ami critique". Il a aussi souhaité "davantage d'interface", en France, "entre la recherche, l'université et la prise de décision" , trouvant un seul exemple "d'un universitaire devenu ministre des Finances, Dominique Strauss-Kahn". En France, "la tradition passe davantage par les grands corps, les grandes écoles, l'ENA", a-t-il noté.