Pour la Cour des comptes, la réponse budgétaire au pic d'inflation de 2022-2023 a creusé le déficit information fournie par AFP 01/12/2025 à 20:12
Contrairement à la majorité des épisodes inflationnistes, le choc de 2022-2023 a creusé le déficit public en raison d'une réponse budgétaire "expansionniste, précoce et massive", selon une analyse de la Cour des comptes lundi.
Pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de l'euro en 2002, l'inflation a été supérieure à 5% sur un an entre mars 2022 et septembre 2023.
Alors que les effets budgétaires de l'inflation sont "habituellement favorables à court terme" (notamment sur les recettes fiscales), le déficit public de la France s'est creusé à 6,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2021, avant une amélioration en 2022 à 4,7% du PIB, puis une nouvelle dégradation à 5,4% du PIB en 2023.
Une situation qui s'explique essentiellement par une importante reprise de la demande combinée à une "congestion des chaînes logistiques" au lendemain de la crise sanitaire, ainsi que par les conséquences de la guerre en Ukraine, notamment d'un choc d'offre sur les prix de l'énergie, détaillent les Sages de la rue Cambon.
Le déficit public s'est dégradé de 47 milliards d'euros en 2023, en comparaison avec une situation de référence retenue par Cour des comptes où croissance et inflation auraient poursuivi les tendances observées entre 2013 et 2021.
Selon l'institution, cette situation est "presque intégralement imputable" à l'ampleur et à la durée des mesures prises pour faire face à la hausse des prix (38 milliards d'euros en 2022 et 43 milliards d'euros en 2023).
"Subventionnement de certains prix, indexation sur l'inflation des prestations sociales, limitation des effets de l'inflation sur l'impôt sur le revenu et hausse des rémunérations des fonctionnaires", ont permis de "limiter l'inflation ressentie" par les ménages, mais ont bénéficié à l'ensemble de la population sans ciblage sur les "ménages les plus exposés".
La Cour pointe en particulier les "subventions énergétiques", largement attribuées aux ménages et aux entreprises, "à l'opposé du consensus économique". Le maintien de certaines mesures énergétiques exceptionnelles ont notamment contribué à poursuivre le creusement du déficit public en 2024, peut-on lire.
Cette réponse française n'était toutefois pas isolée en Europe, relève les auteurs.
Mais la politique budgétaire française s'est "écartée des préconisations" de l'Europe qui recommandait une "+intervention d'urgence+" et des "+mesures exceptionnelles ciblées et limitées dans le temps+", peut-on lire.