Polluants éternels : 92% des eaux françaises contiennent du TFA information fournie par Boursorama avec Media Services 03/12/2025 à 14:07
Le TFA est un composé qui, selon plusieurs études, paraît nocif pour le foie et la fertilité, et fait courir aux fœtus le risque de malformations.
Les pouvoirs publics ont relevé la présence de TFA, "polluant éternel" de la famille des PFAS, dans 92% des eaux en France, selon des mesures publiées mercredi 3 décembre, confirmant les craintes des associations environnementales.
Ce chiffre est issu de prélèvements réalisés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans 647 échantillons d'eau brute (cours d'eau, mares, lacs, eaux souterraines, puits, etc.) et 627 d'eau du robinet , sur tout le territoire, en métropole et Outremer.
C'est la première fois que les services de l'État mesurent de manière aussi complète les niveaux d'acide trifluoroacétique (TFA, de formule chimique CF₃COOH) dans l'eau. Et les résultats confortent ceux, alarmants, déjà obtenus par des chercheurs ou des associations de défense de l'environnement, en France et dans d'autres pays.
Le TFA est un composé qui, selon plusieurs études, paraît nocif pour le foie et la fertilité, et fait courir aux fœtus le risque de malformations . Il est extrêmement persistant dans l'environnement, mobile et capable de contaminer largement toute la chaîne alimentaire, solides comme boissons, et les organismes.
En tant que "PFAS à chaîne courte", avec peu d'atomes de carbone, ce qui en fait une molécule très petite, il est extrêmement difficile à extraire lors du traitement de l'eau et pratiquement indestructible.
Pratiquement indestructible
L'Anses a mesuré la concentration dans les eaux de 35 PFAS différents. Les 34 autres sont moins fréquents, le plus répandu ensuite étant le PFHxS (acide perfluorohexane sulfonique), trouvé dans 27% des échantillons.
La concentration médiane en TFA est de 0,81 microgramme par litre d'eau, et elle grimpe jusqu'à 20 microgrammes. L'Anses relève que cette concentration reste trois fois inférieure à la "valeur sanitaire indicative" retenue par le ministère de la Santé, en l'absence de réglementation actuellement, de 60 microgrammes.
Le TFA est issu de multiples sources industrielles, entre autres la décomposition dans l'atmosphère des gaz fluorés employés pour la réfrigération, et les rejets des fabricants d'un herbicide, le flufénacet.
"Ces retombées atmosphériques vont impacter directement et rapidement les eaux de surface, que ce soit les cours d'eau ou les plans d'eau, et vont donc entraîner une présence généralisée de ces TFA", a expliqué à la presse un chimiste et hydrologue de l'Anses, Xavier Dauchy.
"Il peut y avoir des émissions directes par des sites qui synthétisent le TFA. Il peut y avoir des émissions indirectes par des sites qui utilisent le TFA", a-t-il ajouté.
L'association Générations futures dénonce particulièrement la pollution issue de trois usines: celle de pesticides de BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), celle de produits pharmaceutiques de Finorga à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), et celle de TFA de Solvay à Salindres (Gard), en cours de fermeture.