PME et entreprises de taille intermédiaire : réduire son empreinte carbone reste un défi
information fournie par Boursorama avec Media Services 04/04/2023 à 11:07

D'après une estimation de Bpifrance, les PME et ETI représentent environ 30% de l'empreinte carbone globale de la France.

( AFP / ERIC PIERMONT )

La décarbonation reste une course d'obstacles pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI), même si la prise de conscience a bel et bien eu lieu, selon une étude de Bpifrance parue lundi 3 avril.

En 2020, les sujets liés au climat faisaient l'objet d'un suivi en interne dans moins d'une entreprise sur trois. Cette année, les deux tiers d'entre elles ont une personne ou un service dédié , au moins partiellement, à cette thématique, selon plus de 400 réponses de dirigeants de PME et d'ETI recueillies entre le 9 et le 27 mars par la banque publique.

Ces dirigeants représentent le tissu des PME et ETI françaises, avec une surreprésentation des ETI et de l'industrie qui ont les plus gros efforts à faire en matière de décarbonation. D'après une estimation de Bpifrance, les PME et ETI représentent environ 30% de l'empreinte carbone globale de la France.

Aujourd'hui 35% des dirigeants ont évalué leurs émissions de carbone grâce un protocole reconnu au cours des cinq dernières années, soit plus de deux fois plus qu'en 2020 (16%). Et si la majorité des dirigeants ne l'a pas encore fait, ils sont 72%, contre 46% en 2020, à pouvoir affirmer avoir réduit ces émissions.

Le climat intégré dans les stratégies d'entreprise

Un an après le début de la guerre en Ukraine qui a entraîné une flambée des cours de l'énergie, plus de quatre dirigeants sur cinq affirment ainsi avoir intégré "l'enjeu climat" dans leur stratégie d'entreprise, contre seulement une sur deux en 2020.

Mais concrètement, les mesures prises restent encore souvent limitées à l'adoption de petits gestes et les changements profonds ou radicaux de la chaîne de valeur sont rares. Pour "verdir" l'activité de l'entreprise, l'extinction automatique de la lumière et de la climatisation, ou le remplacement des ampoules traditionnelles par des LED sont le moyen le plus fréquemment utilisé, par 77% des répondants, devant l'adoption d'un système de tri et de recyclage des déchets à 68% et l'achat d'équipement plus performants énergétiquement (véhicules, outils de production) à 63%.

"Le renouvellement d'équipements va prendre de l'importance ces prochaines années mais pour autant, ce n'est pas encore ce qu'on appelle un virage stratégique", explique à l' AFP Élise Tissier, directrice du Lab de Bpifrance qui a réalisé l'étude.

Pour l'heure, l'éco-conception d'offres et de produits et la sélection de fournisseurs d'après des critères environnementaux ne concerne qu'une entreprise sur cinq. "La question de savoir comment je revois mon offre à l'aune de la transition reste peu posée", constate Élise Tissier.

"Lourdeurs administratives"

Le chemin vers la décarbonation reste pour les dirigeants les dirigeants semé d'embûches : selon l'étude, les trois quarts se plaignent de "lourdeurs administratives" et presque autant déplorent un "manque de moyens de financiers pour absorber les investissements nécessaires".

À l'inverse, la "résistance interne au changement" n'est citée comme une contrainte que par moins d'une entreprise sur quatre. Bpifrance se demande s'il faut y voir le signe "de la forte mobilisation des équipes" ou au contraire "du manque d'envergure des projets menés".

Autre frein de taille au verdissement de la production : les investissements exigés sont très largement perçus comme risqués et non rentables. Ainsi 75% des chefs d'entreprise considèrent qu'"il n'existe pas encore aujourd'hui de réelle demande ou reconnaissance client pour des produits plus respectueux de l'environnement" et 70% jugent que "quand une entreprise fait l'effort de décarboner son activité, elle prend des risques et est désavantagée à court-terme par rapport à ses concurrents moins verts".

Aussi le soutien de l'État à la décarbonation est-il jugé insuffisant par 80% des PME et ETI, qui considèrent également à 72% que les banques les soutiennent peu.

Enfin, 44% des dirigeants considèrent qu'il leur est "impossible de diminuer significativement les émissions carbone" de leur entreprise "car celles-ci sont principalement le fait des (leurs) fournisseurs et clients".