Peu d'embauches, plus de chômage: l'emploi en berne aux Etats-Unis information fournie par AFP 05/09/2025 à 17:50
Le marché du travail américain est en perte de vitesse, montre vendredi un rapport officiel dont la fiabilité avait été fortement contestée par le président Donald Trump le mois dernier.
La première économie mondiale a créé 22.000 emplois en août, un niveau bien inférieur à ce à quoi les Etats-Unis étaient habitués, selon la publication du ministère américain du Travail.
Les analystes s'attendaient à 75.000 créations d'emplois, selon le consensus publié par MarketWatch.
Le taux de chômage a progressé à 4,3% contre 4,2% en juillet et 4,1% en juin. Il s'agit du plus haut niveau depuis l'automne 2021.
Le président Donald Trump n'a pas directement commenté le rapport vendredi dans la matinée.
Il a en revanche jeté l'opprobre sur le patron de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell, affirmant qu'il "aurait dû baisser les taux d'intérêt il y a longtemps".
Il y a un mois, après la publication du précédent rapport sur l'emploi déjà considéré comme décevant, Donald Trump avait limogé la directrice du service statistiques. Selon lui, les chiffres avaient forcément été "bidonnés" à des fins politiques pour saper son bilan.
Sa porte-parole, Karoline Leavitt, n'a pas contesté la matérialité des chiffres vendredi, rejetant aussi la faute sur la Fed.
Le "programme pro-croissance" de l'exécutif "continue d'être freiné par le refus stupide de Jerome +Trop tard+ Powell d'admettre que le président Trump a raison sur tout", a-t-elle affirmé sur X.
Elle a aussi assuré que des emplois avaient été créés, "TOUS pour des travailleurs nés aux Etats-Unis". La présidence mène une politique "L'Amérique d'abord": elle combat l'immigration illégale et restreint l'immigration légale, se réjouissant de voir moins d'étrangers travailler sur son sol.
Un des conseillers économiques de Donald Trump a reconnu de son côté sur la chaîne de télévision CNBC que les chiffres d'août étaient "un peu décevants" mais expliqué qu'il s'attendait à ce qu'ils soient plus tard révisés à la hausse.
- Plus de destructions que de créations en juin -
Le rapport de juillet, qui avais mis en rogne la présidence, comportait d'importantes révisions à la baisse du nombre d'emplois qui avaient été créés les mois précédents - montrant que le marché du travail résistait moins bien que ce qui avait été jusque-là imaginé.
Les chiffres publiés vendredi contiennent de nouvelles révisions, de moindre ampleur toutefois.
La plus notable concerne le mois de juin, où la tendance auparavant légèrement positive est devenue négative, avec 13.000 destructions d'emplois sur la période.
Plus le tableau se précise, plus il montre un marché du travail en perte de vitesse.
Le secteur industriel, dont le redressement est une des priorités du gouvernement, a détruit plus d'emplois qu'il n'en a créé ces derniers mois.
La santé est un des rares domaines qui embauche encore.
"Les Etats-Unis n'ont quasiment pas créé d'emplois au cours des quatre derniers mois. Cela touche aussi bien les cadres que les ouvriers", observe Heather Long, économiste pour la banque Navy Federal Credit Union, pour qui une baisse des taux est urgente pour éviter une récession.
La prochaine réunion de la banque centrale des Etats-Unis se tient les 16 et 17 septembre.
Les investisseurs considèrent maintenant une baisse des taux comme acquise: ils parient tous dessus, selon l'outil de veille de CME, FedWatch.
La question est maintenant de savoir si la diminution sera d'un quart de point - la Fed avançant généralement à petits pas - ou si les banquiers centraux décideront que la situation impose d'aller plus vite, en baissant les taux directeurs d'un demi-point.
Les taux de la Fed, qui guident les coûts d'emprunt, sont au même niveau depuis décembre, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.
Wall Street avait initialement bien accueilli le rapport sur l'emploi et la perspective accrue d'une prochaine baisse de taux, les marchés appréciant quand l'argent devient moins cher, y voyant du carburant pour l'économie.
La confiance s'est ensuite affaissée, les investisseurs semblant redouter de voir la première économie mondiale durablement dans une mauvaise passe.