Pérou: l'éphémère président Pedro Castillo condamné à 11 ans de prison pour rébellion information fournie par AFP 27/11/2025 à 23:30
L'ancien président péruvien de gauche Pedro Castillo (2021-2022) a été condamné jeudi à 11 ans, 5 mois et 15 jours de prison pour rébellion, après sa tentative avortée de dissoudre le Parlement en 2022.
Il a été en revanche innocenté des délits d'abus de pouvoir et de trouble à l'ordre public. Le parquet avait requis 34 ans de prison pour l'ensemble des charges.
M. Castillo a assisté impassible aux côtés de son avocat à la lecture du jugement d'un peu plus de quatre heures.
En détention provisoire depuis décembre 2022, l'ex-syndicaliste, qui était instituteur d'une commune rurale lorsqu'il a remporté contre toute attente la présidentielle en 2021, sera détenu jusqu'au 21 mai 2034 au plus tard dans une prison spéciale où son détenus trois autres présidents péruviens: Ollanta Humala (2011-2016), Alejandro Toledo (2001-2006) et Martin Vizcarra (2018-2020), condamné mercredi à 14 ans de prison dans une affaire de pots-de-vin.
Le tribunal, qui siégeait depuis le début du procès en mars dans une salle annexe de cette prison spéciale de la police, a décidé de "condamner José Pedro Castillo Terrones en tant que coauteur du délit contre les pouvoirs de l'État et l'ordre constitutionnel sous la modalité de conspiration pour une rébellion", selon la lecture faite par la juge de la Cour suprême.
Sept autres coaccusés étaient également jugés, dont son ancienne Première ministre Betssy Chavez, réfugiée depuis le 3 novembre à l'ambassade du Mexique à Lima, finalement condamnée à une peine identique de 11 années de prison.
L'ex-président péruvien avait prononcé la dissolution du Parlement et appelé à la convocation d'une Assemblée constituante le 7 décembre 2024, jour où le Parlement devait débattre d'une motion de destitution contre lui pour des accusations présumées de corruption.
Sans le soutien de la hiérarchie militaire, il a finalement été destitué et arrêté par la police alors qu'il se rendait avec sa famille à l'ambassade du Mexique à Lima.
- "Je demande seulement justice" -
Premier président du Pérou sans liens avec les élites du pays, et surnommé le "président des pauvres", son élection avait suscité des espoirs de réformes dans un pays où un tiers de la population vit dans la pauvreté. Mais son mandat éphémère - d'un peu plus de 16 mois - a sombré sous le poids des accusations de corruption, avant une vaine tentative de dissoudre le Parlement pour éviter d'être destitué.
Une vingtaine de sympathisants de Pedro Castillo se sont rassemblés avec des pancartes devant le centre pénitentiaire où le jugement a été prononcé.
"Nous souffrons pour notre président parce qu'il n'a pas volé un seul sol (monnaie péruvienne, ndlr). Ici est emprisonné un innocent, nous demandons justice", a déclaré à l'AFP Julia Buendia, 54 ans.
"Je ne suis pas venu demander la clémence, encore moins l'acquittement, je demande seulement justice", avait déclaré M. Castillo dans ses dernières déclarations devant le tribunal vendredi dernier.
Durant l'audience, M. Castillo a estimé être "un président kidnappé" victime d'un "coup d'État du Parlement".
Sa chute a entraîné l'accession au pouvoir de sa vice-présidente Dina Boluarte, déclenchant des manifestations violemment réprimées qui ont causé la mort de plus de 50 civils.
Depuis 2016, le pays andin a connu sept présidents : trois destitués par le Parlement dont Mme Boluarte, deux qui ont démissionné, et deux présidents par intérim, l'un ayant terminé son mandat, l'autre étant le président actuel, José Jéri.