Paralysie budgétaire: des licenciements massifs "imminents" aux Etats-Unis information fournie par AFP 02/10/2025 à 13:13
Des licenciements massifs de travailleurs fédéraux américains sont "imminents", a prévenu la Maison Blanche alors qu'aucun compromis n'est en vue jeudi entre démocrates et républicains qui se renvoient la responsabilité du blocage budgétaire ("shutdown") paralysant les Etats-Unis depuis deux jours.
"Le bureau du Budget (de la Maison Blanche) travaille avec les agences fédérales pour identifier les coupes qui peuvent être faites et nous pensons que des licenciements sont imminents", selon la porte-parole de l'exécutif américain, Karoline Leavitt.
Des centaines de milliers de fonctionnaires "non-essentiels" sont en chômage technique et ne reçoivent pas de salaire, mais devraient voir régulariser leur situation à la fin du "shutdown". En cas de licenciement, ils perdraient définitivement leur travail.
Le nombre de personnes en chômage technique varie selon les administrations. Selon des statistiques officielles, 89% des agents de l'Agence de protection de l'environ (EPA) sont dans ce cas, pour seulement 5% des employés du ministère de la sécurité intérieure (DHS), chargé notamment du contrôle aux frontières.
La distribution du courrier n'était pas perturbée mais la radio publique Voice of America, dans le viseur de l'administration Trump depuis des mois, a suspendu ses émissions. Ses 80 salariés ont été mis en chômage technique. Lors des précédents "shutdowns", la radio n'avait jamais cessé d'émettre.
Même la flamme de la Statue de la liberté, gérée par le service des parcs nationaux, pourrait s'éteindre faute de financement. La torche "pourrait littéralement s'éteindre, non pas à cause d'un acte de Dieu, d'une tempête, d'une inondation ou d'un ouragan, mais littéralement parce que Donald Trump et les républicains à Washington ont provoqué une fermeture" des services publics, a dénoncé la gouverneure démocrate de l'Etat, Kathy Hochul.
- Les Etats démocrates ciblés -
L'administration Trump a annoncé au total le gel de 26 milliards de fonds fédéraux, précédemment approuvés. Le tout dans 16 Etats, tous remportés par la démocrate Kamala Harris lors de la présidentielle de novembre 2024.
A New York, elle en a gelé 18 milliards de dollars, promis pour deux projets d'amélioration des transports publics.
Un tel "shutdown", inédit depuis sept ans, est très impopulaire aux Etats-Unis.
"Notre gouvernement doit apprendre à travailler avec tout le monde pour le peuple et trouver un moyen pour que des choses comme cela ne se produisent pas", regrette Terese Johnston, une guide touristique retraitée de 61 ans. "Vous faites des compromis. (...) Donc tout le monde cède un peu, tout le monde prend un peu, et les choses fonctionnent", a-t-elle ajouté.
"Les démocrates ont fermé les services de l'Etat", soutient toujours de son côté la Maison Blanche dans un message sur son site, accompagné d'une horloge qui fait le décompte du blocage.
Ils "ont pris en otage le peuple américain d'une manière qui, selon eux, leur profite politiquement", a renchéri le chef de la majorité au Sénat, John Thune.
L'opposition regrette, elle, l'absence de discussions de bonne foi. Selon le chef des démocrates à la Chambre, Hakeem Jeffries, le président fait preuve d'un "comportement irresponsable".
- Durée "compliquée à prédire" -
De fait, s'il a dit vouloir éviter la paralysie, Donald Trump se montre aussi menaçant. "Beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des +shutdowns+, on peut se débarrasser de beaucoup de choses (...) et ce seraient des choses démocrates", a-t-il prévenu mardi.
Les républicains proposent une simple extension du budget actuel jusqu'à fin novembre, tandis que les démocrates exigent la prolongation de programmes publics d'assurance santé pour les plus démunis.
Des demandes jugées "ridicules" par le vice-président JD Vance. Le texte proposé par les républicains n'a cependant reçu que 55 voix dont trois démocrates. Encore trop loin des 60 nécessaires pour son adoption.
Le dernier "shutdown" remonte au premier mandat Trump, de décembre 2018 à janvier 2019, soit un record de 35 jours. Aucune option claire de sortie de crise ne semble en vue en cette fin de semaine.
La situation ne sera pas résolue avant vendredi au plus tôt, les travaux du Congrès étant suspendus jeudi pour la fête juive de Yom Kippour.
Selon les calculs des analystes de la compagnie d'assurance Nationwide, chaque semaine de paralysie pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point.