Otan : la Belgique et l'Espagne à la manœuvre pour échapper à l'objectif de 5% du PIB en dépense de sécurité information fournie par Boursorama avec Media Services 23/06/2025 à 12:07
"Il n'y a pas d'exemption", "aucun allié" ne peut se soustraire à ses engagements, a insisté un diplomate de l'alliance, malgré les déclarations de Madrid et de Bruxelles.
Dans un contexte de forte montée des tensions internationales, les 32 dirigeants des pays de l'Otan se réunissent mardi et mercredi aux Pays-Bas. Le sommet sera notamment marqué par les négociations autour de l'objectif de dépenses de sécurité, alors que la Belgique et l'Espagne ont semé le trouble en manœuvrant pour y échapper.
Lundi 23 juin, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, lettre de l'Otan à l'appui, a de nouveau martelé que son pays n'avait pas à augmenter ses dépenses de défense jusqu'à 5% du PIB, malgré les dénégations de diplomates de l'Alliance atlantique.
Pedro Sánchez a publié sur X une lettre signée par le secrétaire général de l'Alliance atlantique Mark Rutte, datée de dimanche. Le secrétaire général de l'Otan relève que l'Espagne "est convaincue qu'elle peut atteindre les nouveaux objectifs de capacités convenues avec une trajectoire de dépenses inférieure à 5%".
"L'accord lors du prochain sommet de l'Otan accordera à l'Espagne la flexibilité de déterminer sa propre voie souveraine pour atteindre cet objectif de capacités", ajoute Mark Rutte dans ce courrier. "La trajectoire et l'équilibre des dépenses dans le cadre de ce plan seront réexaminés en 2029", précise toutefois le chef de l'Otan, dont le sommet a lieu mardi et mercredi à La Haye.
Pedro Sánchez avait déjà fait part de son refus de porter les dépenses de défense à 5% du PIB en qualifiant cette possibilité de "déraisonnable". Selon le chef du gouvernement socialiste, 2,1% du PIB suffisent pour "acquérir et maintenir tout le personnel, tout l'équipement, toutes les infrastructures" nécessaires pour "faire face" aux "menaces" et aux "défis", a-t-il assuré dimanche soir.
La Belgique s'est également activée en coulisses pour tenter d'obtenir "un maximum de flexibilité" sur l'objectif fixé aux pays de l'Otan, a assuré lundi son chef de la diplomatie Maxime Prévot.
"Il n'y a pas d'exemption"
"On ne l'a peut-être pas fait via une déclaration tapageuse comme l'Espagne, mais je peux vous assurer que depuis des semaines notre diplomatie s'active pour obtenir les mécanismes de souplesse (...) qui pourront contribuer à alléger la charge de l'effort belge", a-t-il déclaré à la radio publique francophone RTBF .
"On demande un maximum de flexibilité, la souplesse est indispensable", a insisté le ministre belge des Affaires étrangères. La Belgique, un des plus mauvais élèves de l'Alliance atlantique en matière de dépenses militaires, doit de nouveau apparaître comme "un partenaire fiable", "mais à un rythme qui reste soutenable pour nos finances", a encore indiqué ce centriste francophone.
Pour le chef de la diplomatie belge, son pays est prêt à jouer collectif - "On ne va pas pouvoir avoir des objectifs à la carte, le principe même de l'Otan c'est la solidarité" - mais même "à moyen terme", les objectifs de 5% de dépenses de sécurité et de 3,5% de dépenses militaires pures sont "hors de portée", a-t-il estimé. Il n'a pas cité de date.
Selon des diplomates interrogés à Bruxelles, les pays de l'Otan ont conclu un accord pour convenir d'une augmentation à 3,5% du PIB pour les dépenses militaires dans la prochaine décennie, plus 1,5% pour les dépenses liées à la défense au sens large.
À Bruxelles, siège de l'Alliance, il n'est nullement question d'exemption. Le gouvernement espagnol ayant juste obtenu que le délai pour parvenir à cet objectif de 5% soit porté de 2032 à 2035, ont rapporté plusieurs diplomates à l' AFP . "Il n'y a pas d'exemption" , a encore martelé un diplomate de l'Otan lundi matin. "Aucun allié" ne peut se soustraire à ses engagements, a-t-il insisté.