Nucléaire-L'Iran critique les puissances européennes au sujet des projets de sanctions information fournie par Reuters 19/09/2025 à 11:19
par Olivia Le Poidevin
L'Iran a critiqué vendredi la décision des puissances européennes de rétablir des sanctions internationales à l'encontre du pays d'ici la fin du mois s'il ne remplit pas certaines conditions, notamment si Téhéran n'autorise la reprise des inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"Ce que font les Européens est politiquement biaisé et politiquement motivé (...). Ils ont tort à différents niveaux en essayant de détourner le mécanisme prévu par le Plan d'action global commun (JCPoA)", a déclaré à la presse à Genève le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, en référence à l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Les puissances européennes rétabliront probablement des sanctions internationales contre l'Iran d'ici la fin du mois car "les dernières nouvelles" en provenance de Téhéran ne sont "pas sérieuses", a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron.
Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne - connus sous le nom de "groupe E3" - ont lancé fin août un processus de 30 jours pour rétablir des sanctions des Nations unies contre l'Iran, imposant à Téhéran leurs conditions pour retarder ce mécanisme dit de "snapback".
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a déclaré avoir présenté un "plan raisonnable et réalisable" lors de ses dernières discussions en date avec ses homologues européens, organisées mercredi.
L'offre des pays du groupe E3 de reporter le "snapback" de six mois au maximum pour permettre des négociations sérieuses est conditionnée au rétablissement de l'accès des inspecteurs de l'AIEA aux sites nucléaires de l'Iran - qui s'efforceraient notamment de faire l'inventaire de l'important stock d'uranium enrichi du pays - et par des pourparlers avec les États-Unis.
Saïd Khatibzadeh a déclaré que toutes les options étaient envisageables en cas d'échec de la diplomatie.
"Si les Européens s'engagent dans cette voie, ils portent l'imprévisibilité à son plus haut niveau possible et ils sont responsables (...) de tous les risques futurs", a-t-il dit.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit voter vendredi sur une résolution qui lèverait définitivement les sanctions imposées par l'Onu à l'Iran.
Selon des diplomates, il est probable que cette résolution n'obtienne pas le minimum de neuf voix nécessaires à son adoption et, si elle était adoptée, les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France y opposeraient leur veto.
En 2015, l'Iran a accepté de limiter strictement son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions internationales dans le cadre d'un accord avec les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, les parties du JCPoA (Plan d'action global commun ou PAGC en français). Mais en 2018, Donald Trump, un an après le début de son premier mandat en tant que président des États-Unis, s'est retiré du pacte.
L'Iran affirme que ses activités nucléaires ont uniquement des visées pacifiques. L'AIEA a toutefois averti par le passé que Téhéran produisait à un rythme accéléré de l'uranium fortement enrichi, proche de la qualité requise pour construire une bombe.
(Reportage Olivia Le Poidevin, version française Benjamin Mallet, édité par Augustin Turpin)