Nucléaire: l'Iran accuse les Européens de ne pas avoir respecté l'accord de 2015, avant des pourparlers
information fournie par AFP 21/07/2025 à 20:46

Photo fournie par le ministère iranien des Affaires étrangères du ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi (d) rencontrant des ambassadeurs et des représentants diplomatiques à Téhéran, le 12 juillet 2025 ( Ministère iranien des Affaires étrangères / Hamid FOROUTAN )

L'Iran a dit tenir les pays européens pour responsables de l'échec de l'accord de 2015 sur le nucléaire, les accusant lundi de ne pas avoir tenu leurs engagements avant des pourparlers prévus vendredi à Istanbul avec la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, s'est entretenu lundi par téléphone avec son homologue iranien, Abbas Araghchi, pour évoquer ce prochain rendez-vous à Istanbul, a précisé son ministère, confirmant ainsi leur tenue vendredi.

Téhéran, plusieurs puissances occidentales, la Chine et la Russie avaient trouvé en 2015 un accord qui prévoyait d'importantes restrictions au programme nucléaire iranien en échange d'une levée progressive des sanctions de l'ONU.

Mais en 2018, les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement de ce texte longuement négocié et ont réimposé leurs sanctions lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021).

Paris, Londres et Berlin avaient assuré leur attachement à l'accord disant vouloir poursuivre les échanges commerciaux avec l'Iran. Les sanctions onusiennes et européennes n'ont ainsi pas été rétablies.

- "Parties européennes fautives" -

Mais le dispositif envisagé par les pays européens pour compenser le retour des sanctions américaines a peiné à se concrétiser et nombre d'entreprises occidentales ont été contraintes de quitter l'Iran, confronté à une forte inflation et une crise économique.

"Les parties européennes ont été fautives et négligentes dans la mise en oeuvre" de l'accord sur le nucléaire, a déclaré le porte-parole de la diplomatie, Esmaïl Baghaï.

Ces propos interviennent avant une rencontre vendredi à Istanbul entre l'Iran et des représentants de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne pour évoquer le nucléaire iranien.

Ces trois pays accusent Téhéran de ne pas avoir respecté ses engagements sur le nucléaire et menacent de rétablir des sanctions en vertu d'une clause prévue par l'accord, ce que l'Iran cherche à éviter tout prix.

"Si aucune solution diplomatique n'est trouvée d'ici fin août, [le rétablissement des sanctions] reste une option" pour les Européens, a déclaré lundi le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Giese.

Recourir à ce mécanisme "est dénué de sens, injustifiable et immoral", a estimé de son côté Esmaïl Baghaï, arguant que l'Iran avait pris ses distances avec l'accord en représailles aux manquements des Occidentaux.

La réduction des engagements de l'Iran a été effectuée conformément aux dispositions" prévues par le texte, a assuré le porte-parole de la diplomatie iranienne.

Mardi, "une consultation trilatérale" avec la Russie et la Chine se tiendra à Téhéran pour discuter du nucléaire et du rétablissement potentiel des sanctions, a indiqué Esmaïl Baghaï lors d'une conférence hebdomadaire.

- "Rôle constructif" -

La Chine entend "jouer un rôle constructif en poussant les parties concernées à reprendre le dialogue et les négociations pour parvenir à une solution qui tienne compte des préoccupations légitimes de toutes les parties", a souligné le ministère chinois des Affaires étrangères, interrogé sur ce rendez-vous.

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est l'unique pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord de 2015.

Le processus d'enrichissement de l'uranium par centrifugeuse ( AFP / Tupac POINTU )

Pour fabriquer une bombe, l'enrichissement doit être poussé jusqu'à 90%, d'après l'AIEA.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de la République islamique, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de la bombe atomique.

Téhéran se défend vigoureusement d'avoir de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire pour des besoins civils, notamment pour l'énergie.

L'Iran et les Etats-Unis avaient tenu depuis avril cinq cycles de discussions sur le nucléaire, avant l'attaque lancée par Israël le 13 juin contre l'Iran, qui a déclenché une guerre de 12 jours.

Des représentants iraniens et américains devaient se rencontrer le 15 juin, mais les discussions ont été annulées en raison de la guerre.

"A ce stade, nous n'avons aucune intention de parler à l'Amérique", a déclaré lundi Esmaïl Baghaï.