Nucléaire : l'Europe est en retard sur les mini-réacteurs, mais peut se rattraper à coups de milliards, selon un rapport information fournie par Boursorama avec Media Services 10/09/2025 à 11:34
À l'heure actuelle, seuls trois réacteurs on été démarré dans le monde : un chinois, un russe et un japonais. Quatre autres réacteurs sont en construction.
Des milliards d'euros et le soutien de l'État. L'Europe peut rattraper son retard dans la course aux mini-réacteurs nucléaires à condition de consacrer des investissements massifs de l'ordre "du milliard d'euros" par projet et d'assurer le soutien des États pour rassurer les investisseurs privés, selon un rapport d'experts français publié mardi 9 septembre.
A l'heure où le nucléaire connaît un regain d'intérêt pour répondre aux défis climatiques et de souveraineté énergétique, les SMR (small modular reactors) et les AMR (advanced modular reactors) se positionnent comme des alternatives de proximité pour fournir de l'électricité décarbonée et/ou de la chaleur aux industries (verre, chimie, acier...) aujourd'hui très dépendantes des énergies fossiles.
Dans cette course technologique, menée notamment par des start-up, "l'Europe est en retard dans le développement et les premières réalisations de SMR/AMR par rapport à la Chine, la Russie et les États-Unis", constate le régulateur français de l'énergie, la Commission de régulation de l'énergie (CRE), dans son rapport, qui estime que la France est "en sixième, septième position" au niveau mondial.
À l'heure actuelle, seuls trois réacteurs on été démarré dans le monde, rappelle Les Échos : un chinois, un russe et un japonais. Quatre autres réacteurs sont en construction.
"Aucun pays n'ayant encore atteint l'effet de série, ce retard est rattrapable, à condition toutefois de déverrouiller l'obstacle actuel de financement de la phase de construction du prototype", écrivent les auteurs de ce rapport coprésidé par Anne-Marie Choho, directrice générale de Setec, un groupe d'ingénierie pluridisciplinaire français, et François Lévêque, professeur d'économie à l'école d'ingénieurs Mines Paris-PSL. "La différence ne se fera pas tellement dans la techno mais dans la vitesse du financement" , a assuré Anne-Marie Choho lors de la présentation du rapport.
Les investisseurs privés ne se lancent pas seuls
Cette phase de prototypage représente "de l'ordre du milliard d'euros par projet" , estiment-ils. Or, le retour sur investissements "présente encore trop de risques pour que des investisseurs privés s'y lancent seuls". Si des investisseurs privés ont injecté des fonds dans des projets européens "pour leur étape d'émergence, aucun fonds d'investissement prêt à financer l'étape, bien plus onéreuse et plus longue, d'industrialisation de ces réacteurs, n'a été identifié", constatent-ils.
Les pays "en avance, ceux qui ont des prototypes, sont des pays où l'État a mis des financements à l'échelle du milliard d'euros par projet", a souligné Anne-Marie Choho en présentant le rapport. Aux États-Unis, ces financements ont ainsi permis de débloquer des apports financiers privés "du même ordre". A contrario, en Europe, les efforts consentis par les États représentaient "100 fois moins" par projet , donc environ 10 millions d'euros, a-t-elle ajouté.
Le rapport préconise que les États ou l'Union européenne fournissent un "financement significatif concentré sur les quelques SMR les plus prometteurs".
En France, Naarea, la plus importante start-up nucléaire française et l'une des 11 entreprises innovantes soutenues par l'État, a été placée en redressement judiciaire le 3 septembre.
Le déploiement commercial est attendu "dans la décennie 2030" pour les SMR, tandis que l'horizon est plus lointain, vers 2040-2050 pour les AMR, moins matures, selon le rapport.