Novasco s'avance vers la fermeture de trois sites sur quatre
information fournie par Boursorama avec AFP 12/11/2025 à 15:21

( AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN )

Un seul site sauvegardé sur quatre, et à peine un emploi sur cinq: l'aciériste Novasco s'avance vers une reprise a minima par un consortium français, qui devrait se solder par la perte de quelque 500 emplois.

Lors d'une audience à huis clos mercredi devant la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg, l'offre déposée par un consortium d'investisseurs réunis autour de Julien Baillon, à la tête de la PME ardennaise Métal Blanc, a paru "plus sérieuse" que celle de l'industriel français Europlasma, a déclaré l'un des avocats du Comité central d'entreprise, Laurent Paté.

Le tribunal annoncera sa décision lundi à 9h, a-t-il précisé.

L'offre du consortium ne porte que sur le seul site de Leffrinckoucke, près de Dunkerque (Nord). Les autres usines de l'entreprise à Saint-Etienne, Custines (Meurthe-et-Moselle) et Hagondange (Moselle) seraient donc liquidées.

Dans cette perspective, "un peu moins de 150" salariés du groupe, qui en emploie 760, seraient repris, a déclaré l'avocat devant la presse, à l'issue de trois heures et demie d'audience.

La nouvelle a semé la consternation mais pas la surprise parmi les quelques dizaines de salariés d'Hagondange venus à Strasbourg manifester dans le calme devant le palais de justice.

"C'est un gâchis phénoménal, une catastrophe sociale, une perte de savoir-faire, des vies détruites, des carrières, des espoirs, la fin de l'industrie, la fin de l'aciérie d'Hagondange", a déclaré aux journalistes Yann Amadoro, délégué syndical CGT du site mosellan (450 salariés).

M. Amadoro a précisé avoir rendez-vous jeudi avec le ministre délégué chargé de l'Industrie, Sébastien Martin, avec qui la question d'une nationalisation "sera sur la table".

- "On est en deuil" -

"On sait très bien que pour nous, Hagondange c'est fini", a résumé David Grosse, élu CGT. "On va se battre pour notre usine encore, tant qu'on peut, (pour) des accompagnements dignes", a-t-il poursuivi. "On est en deuil, on ne sait pas trop où on va aller", a commenté son collègue Amar Mokrani.

Lors de l'audience, l'offre avancée par Europlasma "a présenté des faiblesses", selon Me Paté. Or c'était la seule qui proposait de reprendre tous les sites d'Ascometal, mais au prix de licenciements massifs à Hagondange où seuls 75 emplois seraient sauvés, sur les 450 actuels. "Des incertitudes ont été pointées, à la fois par les salariés, et par le parquet, les mandataires et les administrateurs judiciaires", a relevé l'avocat.

L'offre en provenance de M. Baillon a en revanche "recueilli des avis plus favorables de la part des organes de la procédure", a ajouté Me Paté. Ces investisseurs ont monté un dossier "complet" et apporté la preuve "des engagements bancaires" et "du soutien qu'ils ont obtenu de la part de l'État", selon lui.

Novasco, qui fabrique des aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, en est à son quatrième redressement judiciaire depuis 2014.

Le groupe avait été repris en 2024 par le fonds d'investissement britannique Greybull Capital, qui avait promis d'y injecter 90 millions d'euros, tandis que l'Etat verserait 85 millions.

Si l'Etat a globalement tenu ses engagements financiers, Greybull n'a apporté que 1,5 million d'euros, selon les syndicats.

"On va voir comment ils comptent assumer une part de leur responsabilité", a déclaré la semaine dernière Sébastien Martin à l'endroit de Greybull.

"Ca va être difficile", a répété le ministre dimanche, faisant le voeu de "redonner un avenir" à "ce site", semblant parler de l'usine d'Hagondange, dont il espère qu'elle "ne ferme pas et ne soit pas une friche".

Ce serait un nouveau coup dur pour la Moselle, déjà durement éprouvée par la désindustrialisation.

Dans les jours à venir, les salariés d'Hagondange ont prévu des actions de blocage, pour réclamer des conditions améliorées de départ.

Les syndicats en appellent aux pouvoirs publics pour sauver cette aciérie électrique, dont la disparition serait, selon eux, un "non-sens écologique et stratégique" dans un secteur où il est difficile de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

L'industrie sidérurgique européenne multiplie les plans de licenciements, souffrant entre autres de la concurrence chinoise, des coûts élevés de l'énergie, ainsi que des difficultés des constructeurs automobiles, gros consommateurs d'acier.