Nouveau cycle de discussions Russie-Ukraine à Istanbul
information fournie par Reuters 02/06/2025 à 03:01

par Vladimir Soldatkin et Tom Balmforth

Un nouveau cycle de négociations de paix entre représentants russes et ukrainiens doit se tenir ce lundi dans la ville turque d'Istanbul, qui a déjà accueilli le mois dernier les premiers pourparlers directs entre Moscou et Kyiv depuis trois ans, sans résultats probants, du fait de divergences importantes.

Les discussions entre les deux camps ont été ouvertes après que Donald Trump a répété sa frustration à l'égard de l'absence de progrès vers la paix, alors que le président américain avait dit durant la campagne électorale américaine être en mesure de mettre fin à la guerre en Ukraine très rapidement.

Washington a prévenu récemment à plusieurs reprises qu'il se détournerait des négociations si Moscou et Kyiv ne trouvaient pas un terrain d'entente.

Si le premier cycle de pourparlers bilatéraux organisé à Istanbul, le 16 mai, a donné lieu à une entente sur un échange de prisonniers, aucune avancée vers un accord de paix n'a été signalée, les deux parties ayant campé sur leurs positions.

Même une trêve n'a pas été conclue, le président russe Vladimir Poutine faisant fi de la demande de Donald Trump et de la pression des Européens pour accepter un cessez-le-feu immédiat de 30 jours.

Les discussions d'Istanbul vont intervenir alors que l'Ukraine a mené dimanche l'une de ses attaques les plus ambitieuses depuis le début de la guerre, ciblant notamment une base aérienne russe en Sibérie. La Russie a de son côté lancé 472 drones contre l'Ukraine, un nombre sans précédent en une nuit, selon l'aviation ukrainienne.

Le doute qui subsistait sur la participation de Kyiv à ce cycle de pourparlers, proposé par Moscou la semaine dernière, a été levé dimanche par Volodimir Zelensky. Le président ukrainien a déclaré qu'une délégation menée par son ministre de la Défense, Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi.

De son côté, la délégation russe sera menée par l'un des conseillers du Kremlin, Vladimir Medinsky.

L'émissaire spécial américain Keith Kellogg a déclaré que les deux camps allaient discuter de documents détaillant leurs propositions respectives pour un accord de paix.

Il a également signalé que les Etats-Unis seraient impliqués dans les discussions, de même que des représentants de puissances européennes - Grande-Bretagne, France, Allemagne -, sans que l'on ne sache à quel niveau.

L'Ukraine a déclaré au cours du week-end attendre toujours que la Russie lui transmette le mémorandum qu'elle a préparé. Le mémorandum élaboré par Kyiv a été reçu dimanche par Moscou, selon les agences de presse officielles russes.

Le Kremlin dit considérer cette étape comme condition préalable à l'acceptation d'un quelconque cessez-le-feu.

Vladimir Poutine a exposé l'an dernier ses demandes pour que la guerre puisse prendre fin: le retrait de la candidature d'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et le retrait complet des troupes ukrainiennes des quatre régions dont la Russie a pris le contrôle dans le cadre de ce qu'elle a présenté comme une "opération militaire spéciale", dénoncée comme une invasion par Kyiv et ses alliés.

D'après une copie d'un document que Reuters a pu consulter, les négociateurs ukrainiens vont présenter lundi à leurs homologues russes une proposition de feuille de route vers un accord de paix durable.

Ce document stipule qu'il n'y aura aucune restriction sur les capacités militaires de l'Ukraine, aucune reconnaissance internationale de la souveraineté de la Russie sur les territoires ukrainiens conquis durant la guerre, et que Kyiv devra être indemnisé.

La Russie contrôle actuellement près d'un cinquième du territoire ukrainien.

(Reportage de Vladimir Soldatkin et Tom Balmforth; version française Jean Terzian)