Netanyahu rebondit avec la guerre contre l'Iran, mais Gaza reste un problème majeur
information fournie par Reuters 25/06/2025 à 15:34

par Crispian Balmer, Emily Rose et Alexander Cornwell

Benjamin Netanyahu a incontestablement regagné en popularité grâce à l'opération en Iran dont le succès revendiqué ne résout pourtant en rien le problème majeur que constituent la guerre dans la bande de Gaza et la question des otages en Israël.

Le Premier ministre israélien a revendiqué une victoire totale dans la "guerre des 12 jours" avec son ennemi juré.

"L'État d'Israël a accompli de grandes réalisations historiques et s'est positionné aux côtés des superpuissances mondiales", a déclaré son gouvernement.

Ce triomphe proclamé par Benjamin Netanyahu entend faire oublier l'échec sécuritaire que représente toujours l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023.

Son discours a "complètement effacé le 7-Octobre", estime Gayil Talshir, politologue à l'Université hébraïque. "Il ne fait que parler de l'Iran", relève-t-elle.

Selon une enquête publiée la semaine dernière, 83% des Juifs israéliens ont soutenu l'offensive contre Téhéran.

Les sondeurs s'attendent également à ce que le Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu, regagne en popularité alors qu'il était donné minoritaire en cas d'élections législatives anticipées.

"Je pense qu'il y aura moins de mouvements visant à le punir (Benjamin Netanyahu) pour le 7-Octobre", estime Mitchell Barak, un sondeur israélien qui a travaillé pour l'actuel Premier ministre dans les années 1990. "Il est définitivement en position de force."

La participation des États-Unis à l'opération lancée par Israël le 13 juin représente également une victoire pour Benjamin Netanyahu, qui a réussi à convaincre le président américain Donald Trump d'intervenir contre le nucléaire iranien après des années à essayer en vain de convaincre Washington d'agir.

Certains alliés de Benjamin Netanyahu formulent désormais un nouveau récit pour présenter l'attaque du 7-Octobre non pas comme un échec mais comme un réveil nécessaire, qui aurait poussé la nation à affronter ses ennemis de front, plutôt qu'à les contenir.

"Le 7-Octobre a sauvé le peuple israélien", a déclaré Aryeh Deri, membre de la coalition de droite au pouvoir, à la chaîne 14.

"MAINTENANT GAZA"

Paradoxalement, le succès contre l'Iran pourrait toutefois accentuer la pression sur Benjamin Netanyahu pour qu'il négocie un accord en vue d'une trêve et de la libération des otages du Hamas.

"Les annales de l'Histoire sont en train de s'écrire, mais il manque encore un chapitre, celui du 7-Octobre. Netanyahu, c'est à vous de jouer", a écrit sur X Einav Zangauker, dont le fils Matan fait partie des 20 otages du Hamas présumés en vie.

"Maintenant Gaza", a écrit le chef de l'opposition israélienne Yair Lapid sur X mardi. "C'est le moment de fermer là aussi. Ramener les captifs, mettre fin à la guerre. Israël doit commencer à reconstruire."

Israël est de plus en plus isolé sur la scène internationale en raison de ses opérations à Gaza, qui ont fait 56.000 morts depuis octobre 2023 et anéanti une grande partie de l'enclave.

Ces dernières semaines, Donald Trump lui-même a appelé Israël à mettre fin aux combats, après avoir promis, lors de sa campagne électorale de l'année dernière, d'apporter la paix dans la région.

Au sein du gouvernement de Benjamin Netanyahu, le plus à droite de l'histoire d'Israël, la volonté de faire des compromis ou de négocier ne semble toutefois pas d'actualité.

Le ministre des Finances, l'ultranationaliste Bezalel Smotrich, a écrit sur X : "Maintenant, de toutes nos forces à Gaza, pour achever le travail, détruire le Hamas et récupérer nos otages."

Bezalel Smotrich et d'autres partisans d'une ligne dure au sein du cabinet israélien militent en faveur d'une occupation militaire à long terme de la bande de Gaza.

Pour la politologue Gayil Talshir, les prochains pourparlers sur un accord de cessez-le-feu à Gaza montreront qui de Bezalel Smotrich ou Donald Trump "a le plus d'influence sur Netanyahu".

Certains analystes soupçonnent également le Premier ministre israélien de vouloir tirer parti de l'opération iranienne en convoquant des élections anticipées, avec un an d'avance sur le calendrier, afin d'élargir sa coalition, qui dispose aujourd'hui de la plus faible des majorités à la Knesset.

(Avec la contribution d'Alexander Cornwell et de Howard Goller ; version française Etienne Breban ; édité par Jean-Stéphane Brosse)