Népal-L'ancienne présidente de la Cour suprême nommée Première ministre par intérim
information fournie par Reuters 12/09/2025 à 17:15

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L'ancienne présidente de la Cour suprême a été nommée Première ministre par intérim vendredi

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Les manifestations ont fait 51 morts et plus de 1.300 blessés

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Retour progressif à la normale à Katmandou

(Actualisé avec confirmation de la nomination)

par Gopal Sharma et Aftab Ahmed

L'ancienne présidente de la Cour suprême du Népal, Sushila Karki, a été nommée Première ministre par intérim, a déclaré vendredi le cabinet présidentiel.

Sushila Karki, 73 ans, seule femme à avoir occupé le poste de présidente de la Cour suprême du Népal, doit prêter serment à 20h45 heure locale (15h00 GMT), a déclaré Archana Khadka Adhikari, chargé d'information du cabinet présidentiel.

Sa nomination survient après que le Népal a connu cette semaine d'intenses manifestations contre la corruption qui ont conduit à la démission du Premier ministre K.P. Sharma Oli et fait 51 morts et plus de 1.300 blessés.

Ce soulèvement, le plus important qu'ait connu ce pays de l'Himalaya depuis des années, a été déclenché par la décision du gouvernement d'interdire les réseaux sociaux, qui a depuis été levée. La situation ne s'est apaisée qu'après la démission de K.P. Sharma Oli mardi.

Sushila Karkin, dont la nomination au poste de Première ministre était réclamée par les manifestants, est réputée pour son intégrité et sa lutte contre la corruption.

Le Népal est en proie à l'instabilité politique et économique depuis l'abolition de la monarchie en 2008. Le manque d'emplois pousse des millions de personnes à chercher du travail dans d'autres pays.

La capitale du pays, Katmandou, retournait progressivement à la normale vendredi avec la réouverture des commerces et une circulation fluide. Les policiers ont quant à eux troqué leurs fusils anti-émeutes pour des matraques.

Certaines routes sont restées bloquées mais les patrouilles de soldats sont moins nombreuses qu'auparavant.

Les autorités ont également commencé à remettre aux familles les corps de leurs proches tués lors des manifestations.

"Alors que ses amis se sont retirés (des manifestations), il a décidé d'aller de l'avant", a déclaré Karuna Budhathoki à propos de son neveu de 23 ans, alors qu'elle attendait de récupérer son corps à l'hôpital universitaire de Katmandou.

"On nous a dit qu'il avait été amené mort à l'hôpital."

Parmi les 51 morts, on compte 21 manifestants, neuf prisonniers, trois policiers et 18 autres personnes, a déclaré Binod Ghimire, porte-parole de la police, sans donner plus de détails.

Un autre manifestant décédé, Ashab Alam Thakurai, 24 ans, s'était marié seulement un mois auparavant, ont indiqué ses proches.

"La dernière fois que nous lui avons parlé, il nous a dit qu'il était coincé dans la manifestation. Par la suite, nous n'avons pas pu le contacter (...) nous l'avons finalement retrouvé à la morgue", a déclaré son oncle, Zulfikar Alam.

(Reportage de Gopal Sharma, Aftab Ahmed et Sarita Chaganti Singh ; rédigé par Sakshi Dayal et Hritam Mukherjee ; version française Etienne Breban et Coralie Lamarque ; édité par Blandine Hénault)