"Nationaliser, ce n'est pas sauver" : le Sénat rejette un projet de nationalisation des sites français d'ArcelorMittal information fournie par Boursorama avec Media Services 30/10/2025 à 16:39
Le texte, présenté par le groupe communiste, n'avait que très peu de chances d'être adopté, dans une Chambre haute dominée par la droite et le centre.
Face aux défis posés notamment par le réarmement européen et ses besoins en matériaux, que faire pour protéger les secteurs "stratégiques" du pays? Une proposition de loi communiste pour nationaliser ArcelorMittal a sans surprise été rejetée jeudi 30 octobre par le Sénat, qui penche à droite, le gouvernement estimant lui aussi que cette solution empêcherait de s'attaquer aux "causes" des difficultés du secteur de la sidérurgie.
Le texte, largement cosigné par la gauche et notamment le patron du groupe socialiste Patrick Kanner, a été repoussé à 107 voix contre 235 dans un hémicycle dominé par une alliance de la droite et du centre.
Déposé par la présidente du groupe communiste Cécile Cukierman, il visait à nationaliser "les sites industriels d'ArcelorMittal situés en France, identifiés comme stratégiques pour l'industrie sidérurgique et la transition énergétique". "La nationalisation n'est plus une option, elle est devenue une nécessité. Une nécessité économique pour planifier la décarbonation de la filière, une nécessite industrielle pour garantir nos approvisionnements stratégiques et enfin une nécessité sociale pour protéger les travailleurs", a lancé la sénatrice, qui s'exprimait devant plusieurs salariés du groupe présents en tribune au Sénat.
Le géant de la sidérurgie a annoncé en avril la suppression de plus de 600 postes en France, dont près de la moitié à Dunkerque, alors que l'acier européen est confronté à la baisse de la consommation en Europe, la concurrence jugée déloyale d'acier à bas prix de Chine, les prix de l'énergie élevés en Europe et les taxes douanières aux États-Unis. Les syndicats d'ArcelorMittal devront se prononcer le 7 novembre prochain sur le projet d'accord de plan social.
"Cela reviendrait à placer l'entreprise sous perfusion publique sans pour autant régler ce qui mine la filière"
Sans surprise, la droite sénatoriale a appelé au rejet du texte, le rapporteur LR Arnaud Bazin invoquant le caractère "extrêmement coûteux" d'une nationalisation, qui "n'apporterait pas de solution durable à la crise du secteur" selon lui.
"Nationaliser, ce n'est pas sauver, c'est différer. C'est traiter un symptôme sans s'attaquer à la cause", a abondé le nouveau ministre délégué à l'Industrie Sébastien Martin. "Cela reviendrait à placer l'entreprise sous perfusion publique sans pour autant régler ce qui mine la filière, la concurrence mondiale faussée, la faiblesse de la demande européenne et le déficit de compétitivité".
La gauche a par ailleurs fustigé la position du Rassemblement national, dont les trois sénateurs se sont opposés au texte en disant le juger "sans cap" et "sans garantie pour nos ouvriers". Le débat risque de s'envenimer dans les prochains jours à l'Assemblée nationale, où La France insoumise a elle aussi déposé une proposition de loi de nationalisation, examinée le 27 novembre.