Mousson au Pakistan : l'espoir s'amenuise de retrouver des survivants parmi les 150 disparus
information fournie par AFP 17/08/2025 à 17:56

Inam Haider, à la tête de l'Autorité pakistanaise de gestion des catastrophes, lors d'un point presse à Islamabad au Pakistan le 17 août 2025 ( AFP / Aamir QURESHI )

L'espoir s'amenuise dimanche soir de retrouver des survivants parmi les 150 disparus après les pluies de mousson dévastatrices qui ont fait près de 350 morts dans le nord du Pakistan, où secouristes et habitants fouillent les décombres depuis trois jours.

Depuis jeudi, des pluies torrentielles s'abattent sur le pays et provoquent inondations, crues et glissements de terrain, emportant des villages entiers et laissant de nombreux habitants prisonniers des décombres.

La plupart des victimes ont été emportées par des crues subites, sont mortes dans l'effondrement de leur maison ou ont été électrocutées.

La province montagneuse du Khyber-Pakhtunkhwa, frontalière de l'Afghanistan, a enregistré à elle seule 317 décès en deux jours, soit la moitié des morts de cette saison de mousson, selon les autorités.

Dans le seul district de Buner, "au moins 150 personnes sont portées disparues et pourraient être coincées sous les débris de leurs maisons ou avoir été emportées par les eaux", a indiqué dimanche Asfandyar Khattak, directeur de l'Autorité de gestion des catastrophes de la province du Khyber-Pakhtunkhwa.

"Leurs chances de survie sont désormais très minces", assure Bilal Ahmed Faizi, porte-parole des secours de la province, précisant qu'au total, "une dizaine de villages ont été dévastés".

"Nos proches sont encore ensevelis sous la boue, les rochers, ou les ruines de leur maison, il faut que le gouvernement nous envoie des engins pour les secourir", implore dimanche Bakht Rawan, un habitant de Buner.

Les 2.000 secouristes déployés dans les villages les plus touchés fouillent inlassablement les débris aux côtés des habitants.

"On a vu toutes les maisons, les bâtiments et les véhicules emportés d'un coup. On a pu se réfugier en haut d'une montagne, et c'est de là qu'on a réalisé que notre maison avait disparu", raconte Suleman Khan, un professeur de Buner qui a perdu 25 membres de sa famille.

Inam Haider, à la tête de l'Autorité pakistanaise de gestion des catastrophes (C), lors d'un point presse à Islamabad au Pakistan le 17 août 2025 ( AFP / Aamir QURESHI )

Dans le district, qui recense au moins 208 morts, les survivants prêtent main forte et refusent d'évacuer.

"Nous continuons à chercher nos proches, à chaque corps retrouvé, on ressent une profonde tristesse mais aussi un soulagement car on sait que la famille pourra récupérer la dépouille", raconte Mohammed Khan, un habitant.

Mais le travail des secouristes, qui peinent à accéder à des zones reculées, est entravé par "les fortes pluies, les glissements de terrain et les routes bloquées qui empêchent les ambulances d'accéder et les forcent à se déplacer à pied", note M. Faizi. Pour tenter d'aider les secours, les habitants coupaient des arbres dimanche pour créer de nouvelles routes.

Vendredi, un hélicoptère venu à la rescousse s'est écrasé, faisant cinq morts.

- "Enterrer des enfants" -

A Buner comme dans de nombreux districts, des obsèques collectives ont commencé samedi. Des dizaines d'habitants ont rendu hommage aux victimes dont les corps ont été enveloppés dans des linceuls blancs, selon la tradition musulmane.

Les funérailles de victimes des violentes pluies de mousson dans le nord du Pakistan ont commencé dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, le 16 août 2025 ( AFP / Aziz Buneri )

"Ces deux derniers jours, j'ai creusé six tombes pour des enfants et à chaque fois, j'avais l'impression d'enterrer mon propre enfant", raconte à l'AFP Qaiser Ali Shah, le fossoyeur du village.

"Au cours de ma vie, j'ai préparé une soixantaine de fosses, mais les 15 et 16 août, j'en ai creusé 29. Aujourd'hui, j'ai dit que c'était au-dessus de mes forces d'en creuser de nouvelles", poursuit-il.

Les autorités ont déclaré plusieurs districts "sinistrés", où maisons, magasins et véhicules ont été balayés par la boue.

L'Iran voisin a proposé dimanche une aide logistique, tandis que le pape Léon XIV a adressé une prière "à toutes les victimes de la catastrophe".

- "La mousson va s'intensifier" -

Depuis le début, fin juin, d'une mousson estivale qualifiée d'"inhabituellement" intense par les autorités, plus de 650 personnes, dont une centaine d'enfants, ont été tuées, et 920 blessées au Pakistan.

Au moins 60 victimes ont aussi été recensées dans le Cachemire administré par l'Inde.

Un homme inspecte ce qu'il reste de sa maison après les violentes pluies de mousson qui ont dévasté le district de Buner situé dans la province septentrionale de Khyber Pakhtunkhwa, le 16 août 2025 ( AFP / Hasham AHMED )

Et les pluies devraient encore s'intensifier ces deux prochaines semaines, préviennent les autorités.

"L'intensité de la mousson cette année est 50 à 60% supérieure à celle de l'année dernière", a déclaré dimanche le lieutenant-général Inam Haider, président de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes.

Les autorités mettent en garde contre de nouvelles crues éclair et glissements de terrain dans le nord-ouest du pays et exhortent les habitants à éviter les zones vulnérables, notamment la région touristique du Gilgit-Baltistan, prisée l'été des alpinistes venus du monde entier.

Les 255 millions de Pakistanais ont déjà subi ces dernières années des inondations massives et meurtrières, des explosions de lacs glaciaires et des sécheresses inédites, autant de phénomènes qui vont se multiplier avec le changement climatique, préviennent les scientifiques.