Mort de Jean-Yves Haberer, ex-PDG du Crédit Lyonnais, mené à la quasi-faillite
information fournie par Boursorama avec AFP 02/04/2025 à 15:15

Jean-Yves Haberer, ancien directeur du Trésor et ex-PDG du Crédit Lyonnais, qu'il a lancé dans une politique de forte expansion, ambitieuse mais funeste au début des années 1990, est mort lundi à 92 ans, indique sa famille dans le carnet du Figaro mercredi.

( AFP / STAFF )

Patron du Crédit Lyonnais de 1988 à 1993, il avait été condamné en février 2005 à 18 mois d'emprisonnement avec sursis dans l'affaire des comptes falsifiés de la banque, destinés à dissimuler l'ampleur abyssale du déficit de l'établissement public.

Pendant ces cinq années de présidence, il avait lancé le Crédit Lyonnais dans une politique de forte expansion européenne.

Né le 17 décembre 1932 à Mazagan (El Jadida) au Maroc, Jean-Yves Haberer affiche un parcours académique et professionnel sans faute: Sciences Po Paris, ENA (dans la promotion de Jacques Chirac), puis Inspection des Finances.

Il côtoie la politique, comme directeur de cabinet de Michel Debré, successivement ministre de l'Economie et des Finances, des Affaires étrangères et de la Défense, entre 1966 et 1969. En 1978, il accède à la tête du sanctuaire de l'administration des finances, le Trésor.

Jean-Yves Haberer quitte les arcanes des cabinets ministériels et du Trésor pour un nouveau monde: celui de la banque d'affaires.

Nommé président de Paribas en 1982, sur proposition du ministre de l'Economie de l'époque, Jacques Delors, il garde cette fonction quatre ans. En 1986, avec le retour de la droite au gouvernement et la privatisation de Paribas, M. Haberer est "remercié".

En 1988, le retour des socialistes aux affaires sera aussi celui de Jean-Yves Haberer qui est nommé par le nouveau ministre de l'Economie Pierre Bérégovoy, président du Crédit Lyonnais.

Jean-Yves Haberer lance alors le Crédit Lyonnais dans une politique de forte expansion. Son objectif: réaliser une banque à "l'allemande", sur le modèle de la Deutsche Bank, en multipliant les prises de participation au capital des entreprises clientes pour faciliter leur développement.

Entre 1988 et 1993, le Crédit Lyonnais multiplie ses participations par cinq. Dans le secteur public, il entre notamment au capital de Framatome, Usinor-Sacilor, Rhône-Poulenc, l'Aérospatiale et certains dénoncent alors "le bras financier de Bercy", "la banque à qui le pouvoir dit de dire oui" (allusion au slogan publicitaire de la banque à l'époque: "le pouvoir de dire oui").

Surnommée par les Américains "Crazy Lyonnais", la banque se retrouve empêtré dans le marasme immobilier -- secteur où elle est beaucoup plus engagée que les autres -- tout en devant faire face aux conséquences des erreurs de sa filiale néerlandaise, devenue propriétaire de la Metro Goldwyn Mayer (MGM).

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