Moldavie-L'UE salue la victoire du parti au pouvoir, pro-Europe, aux législatives information fournie par Reuters 29/09/2025 à 12:50
(Actualisé avec réaction russe, déclaration commune de Paris, Berlin et Varsovie)
par Dan Peleschuk
L'Union européenne a salué lundi la victoire du parti pro-Europe au pouvoir en Moldavie aux élections législatives, y voyant la preuve que le pays d'Europe de l'Est se trouve sur la bonne voie pour rejoindre l'UE.
Le Parti d'action et de solidarité (PAS) est arrivé confortablement en tête des élections législatives organisées dimanche, une victoire qui représente un soulagement pour le gouvernement local, désireux de rester hors de l'orbite de la Russie.
"Le peuple moldave s'est exprimé et son message est fort et clair", a déclaré Antonio Costa, président du Conseil européen dans un message publié sur le réseau social X.
"Ils ont choisi la démocratie, la réforme et un avenir européen, face à la pression et à l'ingérence de la Russie", a-t-il ajouté.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a elle salué un vote pour "l'Europe, la démocratie et la liberté". "Notre porte est ouverte. Nous vous accompagnerons à chaque étape."
"Malgré les tentatives d’ingérence et les pressions, le choix des citoyens moldaves s’est affirmé avec force", a déclaré de son côté sur X le président français Emmanuel Macron, assurant que "la France est aux côtés de la Moldavie dans son projet européen et son élan de liberté et de souveraineté".
La Russie a nié toute ingérence dans les élections et accusé les autorités moldaves d'avoir entravé le processus de vote.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé aux journalistes que des Moldaves vivant en Russie, qui sont traditionnellement plus susceptibles d'apporter leurs voix aux forces politiques pro-russes de leur pays, n'avaient pas pu voter.
"Des centaines de milliers de Moldaves ont été privés de la possibilité de voter en Fédération de Russie parce que seuls deux bureaux de vote leur étaient ouverts", a-t-il dit.
"Certaines forces politiques" en Moldavie ont "évoqué de possibles violations électorales", a encore affirmé Dmitri Peskov.
Dans un communiqué commun, les dirigeants de la France, de l'Allemagne et de la Pologne ont félicité la Moldavie pour le déroulement pacifique des élections, malgré une ingérence sans précédent de la Russie, notamment par le biais de stratagèmes d'achat de voix et de désinformation.
Après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, le PAS est crédité de 50,1% des suffrages, devant le Bloc patriotique pro-russe avec 24,2%.
UNE INTÉGRATION EUROPÉENNE CLÉ
Une majorité à la chambre de 101 sièges est cruciale pour éviter la perspective de tractations et d'une coalition à même de perturber encore davantage l'un des pays les plus pauvres d'Europe, secoué par la guerre en Ukraine voisine et par une ingérence russe présumée dans la campagne électorale.
Le contrôle du Parlement est essentiel à la concrétisation des projets européens de la présidente Maia Sandu et du PAS, son parti, qui aspirent à intégrer le bloc communautaire - un processus qui s'étend sur plusieurs années.
Depuis des décennies, le pouvoir de l'ancienne république soviétique oscille depuis des décennies entre pro-européens et pro-russes. Environ un tiers du pays – la Transnistrie, à l'est du Dniestr – est contrôlé par une administration pro-russe séparatiste et abrite une petite garnison russe.
Maia Sandu a fait de l'élection de dimanche un test existentiel pour le pays de 2,4 millions d'habitants - qui entretient également des liens culturels et linguistiques étroits avec son voisin occidental, la Roumanie -, affirmant qu'une vaste campagne russe visant à influencer le vote constituait une menace directe.
Les forces d'opposition comme le Bloc patriotique ont exploité le malaise des électeurs face aux turbulences économiques et à la lenteur des réformes, des griefs aggravés par ce que des responsables qualifient de désinformation.
Ces dernières semaines, les autorités ont multiplié les raids ciblant le financement illégal des partis et les réseaux prétendument soutenus par la Russie - dans le but de susciter des troubles autour du vote -, interdisant à plusieurs d'entre eux de participer aux élections de dimanche.
Moscou a nié toute ingérence et déclaré que le gouvernement contrôlé par le PAS propageait une hystérie antirusse pour gagner des voix.
Maia Sandu et le PAS considèrent l'intégration européenne comme la clé de l'avenir de la Moldavie et de la sortie de l'influence de Moscou, réminiscence de l'ère soviétique.
Mais de nombreux électeurs se sont davantage concentrés les questions intérieures, inquiets des conséquences d'un rapprochement avec l'UE pour l'économie moldave, fortement axée sur l'agriculture.
(Rédigé par Dan Peleschuk, avec Alexander Tanas et Charlotte Van Campenhout ; version française Elizabeth Pineau, Benjamin Mallet, Jean Terzian et Kate Entringer ; édité par Augustin Turpin)