"Mimi" Costa, figure du banditisme corse de 70 ans, jugé pour l'assassinat d'un jeune en 2019 information fournie par AFP 15/09/2025 à 19:45
Il est une figure du banditisme corse à l'ancienne, soupçonné d'être un des derniers "historiques" de la bande de la "Brise de mer": Dominique Costa, dit "Mimi", 70 ans, est jugé à Aix-en-Provence pour l'assassinat en 2019 du jeune Antoine Francisci.
Devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, Dominique Costa, petites lunettes et polo blanc, en détention provisoire depuis plus de cinq ans, a pris la parole dans l'après-midi: "j'ai rien à voir, je suis innocent, je suis agriculteur, je suis resté au village", a-t-il répété.
Fait très rare dans ce genre d'affaires, où les parties civiles se font souvent discrètes, la mère de la victime était présente à l'audience. Dans le public, une femme a brandi un portrait de la jeune victime.
Le 13 mai 2019 à 6H00 du matin, le corps sans vie d'Antoine Francisci, 22 ans, tué de plusieurs coups de fusil de chasse, est découvert sur une petite route, à côté d'un buggy volé, retrouvé renversé, à Pietralba, en Haute-Corse, à quelques kilomètres du fief des Costa, Moltifao.
Les enquêteurs ne tardent pas à découvrir que la cible des assassins était en réalité un proche de la victime, Laurent Emmanuelli, figure montante du banditisme corse, conducteur habituel du buggy, mais qui ce soir-là suivait Antoine Francisci, en "convoi" dans une voiture. Dominique Costa est d'ailleurs aussi jugé pour "tentative de meurtre en bande organisée" sur ce dernier.
Laurent Emmanuelli cherchait activement à s'implanter en Balagne, région de Haute-Corse comprenant Calvi, et était de ce fait en concurrence avec le clan Costa, notent les enquêteurs.
Le meurtre d'un de ses proches, Antoine Francisci, s'inscrit donc selon eux "de manière pérenne, par la violence, dans une gestion des rapports entre les clans et des rapports de force en présence".
Accusé d'avoir modifié la scène de crime, notamment en faisant disparaître le casque qui cachait le visage de Francisci à ses assassins, et de ne pas avoir dénoncé le crime, Laurent Emmanuelli sera jugé pour ces faits ultérieurement devant le tribunal correctionnel et sera entendu comme témoin dans ce procès.
- "le donneur d’ordre" ? -
Autre indice menant à la "piste Costa": une récente tentative d'extorsion d'Emmanuelli et sa bande au préjudice de François Santelli, qui s'était réfugié chez les Costa et sollicitait sa protection.
Les enquêteurs découvrent, grâce aux écoutes et au traçage des véhicules des suspects notamment, que le jour de l'assassinat, "Mimi" Costa avait ordonné à deux de ses proches, Pierre-Louis Vignali et Mathieu Fondacci, de le rejoindre pour "descendre voir ce con-là".
Les deux hommes sont jugés aux côtés de Dominique Costa, également pour meurtre en bande organisée et tentative de meurtre. Deux autres membres présumés du clan, le commerçant François Santelli et Nicolas Vinciguerra, comparaissent également pour vol, recel et participation à une association de malfaiteurs.
Officiellement éleveur, "Mimi" Costa, déjà condamné en 2015 pour blanchiment et extorsion, est considéré par les enquêteurs comme "le donneur d’ordre de par son âge, son ancrage passé dans la délinquance et son autorité". Il est le frère de Maurice Costa, présenté comme un baron de la Brise de mer, et abattu en 2012 dans une boucherie.
Jusqu'à présent, ils ont tous nié les faits reprochés. Les avocats de M. Costa ont demandé lundi le renvoi du procès, dénonçant un dossier "sans preuve", et des demandes de rapprochement ADN ou de reconstitution restées sans réponse.
La Corse, qui subit depuis plusieurs décennies des violences entre bandes rivales, est "au premier rang national" en termes d'homicides rapportés à la population, avec "18 homicides et 16 tentatives d'homicides" en 2024 pour 355.000 habitants, avait rappelé en janvier le préfet de Corse, Jérôme Filippini.
Ce procès est prévu pour durer jusqu'au 2 octobre.