Migrants : la famille d'un Éthiopien mort noyé dans la Manche attaque l'État français pour obtenir réparation information fournie par Boursorama avec Media Services 15/03/2024 à 12:09
Deux associations qui s'associent à la plainte dénoncent des "manquements systémiques de l'État sur le secours en mer", et espèrent que d'autres familles de migrants s'y joindront.
Alors que des passeurs et des des militaires français sont déjà mis en examen dans cette affaire, l'État français est désormais visé par une requête devant le tribunal administratif de Lille. Elle a été déposée vendredi 15 mars par la famille d'un Éthiopien mort en tentant de traverser clandestinement la Manche en 2021. Une démarche inédite selon deux associations qui l'accompagnent.
L'homme était mort noyé lors d' un naufrage qui a coûté la vie à au moins 27 migrants , et entraîné la mise en examen de militaires pour non-assistance à personne en danger. Utopia 56 et la Ligue des Droits de l'Homme se joignent dans cette procédure à la famille (l'épouse et les enfants), qui résident actuellement en Ethiopie . Ils dénoncent dans un communiqué de presse les "carences de l'État". L'homme espérait demander l'asile au Royaume-Uni.
En saisissant la justice aux côtés des victimes, les deux associations entendent rappeler qu'il est possible d'éviter ces drames "en mettant fin aux politiques meurtrières de non-assistance en mer et en œuvrant au contraire pour des politiques de migration et d'asile fondées sur les droits fondamentaux", déclare le président de la LDH Patrick Baudouin, cité par le communiqué.
"Manquements systémiques de l'État sur le secours en mer"
Dans le cadre de l'enquête sur ce naufrage, pire drame migratoire jamais enregistré dans la Manche, sept militaires français et 11 passeurs présumés ont été mis examen. Les autorités françaises sont soupçonnées d'avoir été appelées à l'aide à une quinzaine de reprises et de ne pas avoir porté secours aux migrants.
Selon Nikolaï Posner de la communication d'Utopia 56, l'objectif est, à terme, que toutes les familles de victimes de ce naufrage se joignent à la procédure de demande de réparation du préjudice.
La requête devant le tribunal administratif vient compléter une plainte déposée par Utopia 56 pour ce naufrage. Le volet pénal "va cibler des responsabilités individuelles quand la procédure administrative va plutôt va plutôt mettre en évidence des manquements systémiques de l'État sur le secours en mer", souligne Nikolaï Posner.
"Aucun État européen n'a jamais été reconnu responsable , ou au moins avec une part de responsabilité, dans les décès des personnes aux frontières", souligne-t-il.
Depuis le début de l'année, au moins sept migrants, dont une fillette de sept ans et un adolescent de 14 ans, sont morts en mer et sur un canal en tentant de rejoindre l'Angleterre dans de petites embarcations.