Mauvais chiffres de l'emploi américain : après avoir renvoyé la cheffe des statistiques, Trump veut nommer un successeur digne de "confiance" dans la semaine information fournie par Boursorama avec Media Services 04/08/2025 à 12:02
Le président américain avait accusé Erika McEntarfer, commissaire aux statistiques du travail, de truquer les chiffres pour "donner une mauvaise image des républicains et de lui-même".
Scrutés de près par les marchés mondiaux, des chiffres-clés de l'économie américaine vont avoir un nouveau chef "Trump-compatible". Le président américain a assuré lundi 4 août qu'il allait nommer dans la semaine une nouvelle personne à la tête de la principale agence de statistiques économiques des Etats-Unis, dont il vient de renvoyer la commissaire, soulevant des inquiétudes sur l'indépendance de cet organisme.
Donald Trump avait suscité la stupéfaction des économistes et de ses opposants politiques en demandant vendredi le renvoi d'Erika McEntarfer (commissaire du Bureau fédéral des statistiques), après la publication de mauvais chiffres de l'emploi pour juillet. L'institution communique les chiffres de référence sur l'emploi, la productivité et les prix aux Etats-Unis.
Le rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis, publié vendredi 1er août, a en effet surpris en peignant un tableau plus sombre qu'attendu de l'état du marché du travail, à l'heure où les experts prédisent un ralentissement sous l'effet de l'offensive douanière menée par l'administration Trump. En particulier, le nombre d'emplois censés avoir été créés pendant les mois de mai et de juin a été fortement révisé à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s'affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19. Les corrections sont "bien supérieures à la normale", est-il relevé dans le rapport. Ce sont 258.000 créations d'emplois qui se sont évaporées des statistiques sur ces deux mois.
Ce rapport "change la donne" en montrant que "le marché du travail se détériore rapidement", selon l'économiste de la banque Navy Federal Credit Union, Heather Long. Les chiffres mettent à mal le discours triomphaliste de Donald Trump sur l'économie américaine, alors que plusieurs sondages font état d'une baisse de sa cote de confiance.
Face à ces chiffres, le président américain a répondu par l'attaque, mais sans preuves, accusant Erika McEntarfer, d'avoir "truqué les chiffres de l'emploi" à l'époque de l'élection présidentielle de 2024, "pour augmenter les chances de victoire de Kamala" (Harris, sa rivale à la dernière élection présidentielle, ndlr).
"Le président veut ses propres personnes"
"Nous allons annoncer un nouveau (chef) statisticien dans environ trois, quatre jours", a-t-il déclaré lors d'un échange dimanche soir avec des journalistes retransmis à la télévision américaine. "Nous n'avions pas confiance (...). Les chiffres qu'elle a annoncés étaient ridicules", a-t-il poursuivi. "Juste avant l'élection, cette femme avait sorti des chiffres phénoménaux sur l'économie de (Joe) Biden. Et ensuite, juste après l'élection, ils ont annoncé que ces chiffres étaient faux. (...) Mon avis c'est que c'est juste une arnaque de plus", a ajouté Donald Trump, réitérant ses accusations selon lesquelles la responsable a gonflé les chiffres dans le passé au profit de la précédente administration démocrate.
" Le président (Trump) veut ses propres personnes (à ces postes), de sorte que quand on sort des chiffres, ils soient plus transparents et fiables ", a affirmé dimanche soir son principal conseiller économique, Kevin Hassett, sur la chaîne américaine NBC . "Si je dirigeais le Bureau fédéral des statistiques et que j'avais un chiffre qui comportait une révision énorme et importante politiquement, alors j'aurais donné un très long rapport expliquant ce qui s'est passé. Et on n'a pas eu cela", a ajouté M. Hassett.
"Le renvoi totalement infondé d'Erika McEntarfer, qui m'a succédé, est un précédent dangereux et sape la mission du Bureau", a pour sa part critiqué son prédécesseur à ce poste, William Beach, qui avait officié pendant le précédent mandat de Donald Trump.