Marine Tondelier appelle Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre de gauche information fournie par AFP 27/08/2025 à 11:35
La patronne des Ecologistes Marine Tondelier appelle, dans un entretien à l'AFP accordé mardi soir, Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre de gauche après la chute du gouvernement qu'elle juge inéluctable.
Question: Demandez-vous au président de la République de nommer un Premier ministre de gauche?
Réponse: On ne devrait même pas avoir à lui demander, c'est le résultat des élections qu'il a lui-même provoquées.
On est dans des inquiétudes multiples, institutionnelles, politiques, sociales, économiques, environnementales. Ceux qui nous gouvernent démontrent jour après jour leur irresponsabilité. Les Ecologistes, et plus largement notre camp politique, doivent faire preuve de crédibilité, de solidité.
Il n'y a pas de suspense sur le fait que François Bayrou tombera le 8 septembre. Il nous reste treize jours pour préparer ce qui passera ensuite. J'appelle les formations politiques de gauche et écologistes à travailler ensemble à une réponse politique.
Nous, Ecologistes, comptons bien y prendre toute notre part. Notre mouvement travaille en ce moment à un plan de sortie de crise qu'on dévoilera avant le 8 septembre.
Un Premier ministre de droite, ça a été tenté, ça n'a pas fonctionné. Un Premier ministre macroniste, ça a été tenté, ça n'a pas fonctionné. Peut être qu'enfin le Président de la République va laisser les gagnants de l'élection de l'été dernier gouverner.
Q: Allez-vous vous réunir avec vos partenaires de gauche?
R: Je pense que c'est ce qu'il faudrait faire. En tout cas, on les appelle à travailler ensemble.
Evidement qu'on a chacun ses idées, ses préférences, mais ce ne serait pas responsable que chacun aille dans sa matinale dire ce qu'il a envie de dire. On est dans une situation où on doit au moins se réunir pour aborder les sujets un par un. Celui du gouvernement, travailler ensemble sur le budget... On ne doit laisser aucune excuse à Macron pour ne pas nommer un Premier ministre de gauche.
L'été dernier, plusieurs scénarios avaient été envisagés. Un gouvernement avec tout le Nouveau Front populaire (NFP) d'abord. Il y avait eu aussi une proposition des Insoumis de ne pas participer au gouvernement mais de le soutenir en tant que parlementaires à chaque fois qu'il ira dans le bon sens.
Q: Allez-vous proposer un nom?
R: On ne va pas refaire le sketch sur les noms. Les propositions, il y en a beaucoup qui ont été mises sur la table. La charge de la responsabilité, elle ne doit pas être dans notre camp. C'est à Emmanuel Macron de prendre ses responsabilités.
Franchement la question du nom est secondaire. L'année dernière, quand on a fini par donner le nom qui cochait toutes les cases (Lucie Castets, ndlr), on s'est bien rendu compte que ce n'était pas une question de nom, mais une question d'obstruction d'Emmanuel Macron.
Q: Souhaitez-vous une nouvelle dissolution?
R: On n'a pas peur d'une nouvelle dissolution. Mais ce n'est pas l'Assemblée nationale qui est illégitime, c'est le gouvernement. Une dissolution, je ne pense pas que ça règle réellement le problème. Le problème, c'est qu'Emmanuel Macron n'a plus de majorité depuis la dernière dissolution mais il garde le même logiciel économique depuis 8 ans et refuse un changement de cap des politiques publiques.
Q: En cas de dissolution, vous repartiriez dans une coalition NFP aux législatives?
R: En juin dernier, on s'est tous dit qu'il y avait un danger imminent que l'extrême droite arrive à Matignon et que cela nécessitait qu'on se mette d'accord. Je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui la question se poserait différemment.
Q: LFI a décidé de déposer une motion de destitution. Est-ce que vous allez vous y associer?
R: Cette question se posera dans un second temps. D'abord, la chute du gouvernement Bayrou, ensuite la nomination d'un nouveau Premier ministre et après on verra la question de la destitution. Si Emmanuel Macron continue à entretenir l'instabilité née de la dissolution, oui, la question se posera. Mais une destitution ne permettra pas de trouver un budget.
Q: François Bayrou vous laisse 13 jours pour choisir entre "le chaos ou la responsabilité"
R: Il est quand même génial. Il y a un côté assez stupéfiant, voire très fatigant, de ces gens qui nous gouvernent, à essayer en permanence de remettre la charge de la responsabilité sur nous.
Son gouvernement est minoritaire. En juillet, il a présenté des pistes qu'il savait inacceptables pour les Français et pour toutes les oppositions. Quand on est en minorité et dans sa situation, on doit faire un compromis entre ce qu'on a envie de faire et ce qui est possible politiquement. Là, il dit +Je demande la confiance et après on discute+. Et il le dit sans avoir reçu aucun groupe parlementaire. Évidemment que c'est voué à l'échec.