Madagascar-Le président dissout l'Assemblée nationale information fournie par Reuters 14/10/2025 à 14:52
par Lovasoa Rabary et Giulia Paravicini
Le président malgache Andry Rajoelina a annoncé mardi avoir dissous la chambre basse du Parlement, aggravant ainsi l'impasse dans laquelle il se trouve face aux jeunes manifestants et à l'armée qui l'ont contraint à fuir l'île.
Dans un message sur X, Andry Rajoelina a déclaré que la décision de dissoudre l'Assemblée nationale, qui ouvrirait la voie à de nouvelles élections dans 60 jours au plus tôt, était "nécessaire pour rétablir l'ordre" à Madagascar.
"Le peuple doit être entendu une fois de plus. C'est l'heure de la jeunesse", a déclaré le président malgache.
Un décret présidentiel publié sur Facebook indique qu'Andry Rajoelina, âgé de 51 ans, a consulté les dirigeants de l'Assemblée nationale et de la chambre haute du Sénat.
Le chef de l'opposition a toutefois contesté cette manœuvre. "Ce décret n'est pas valide juridiquement (...) le président de l'Assemblée nationale affirme qu'il n'a pas été consulté", a déclaré Siteny Randrianasoloniaiko, qui est également vice-président de l'Assemblée.
Lors d'une allocution prononcée lundi soir, depuis un lieu tenu secret, Andry Rajoelina a indiqué refuser de quitter le pouvoir malgré des semaines de manifestations de la génération Z exigeant sa démission et des défections généralisées au sein de l'armée.
Le président de Madagascar a déclaré qu'il avait été contraint de se mettre en lieu sûr en raison des menaces qui pesaient sur sa vie.
Un responsable de l'opposition, une source militaire et un diplomate étranger ont déclaré à Reuters qu'il avait fui le pays dimanche à bord d'un avion militaire français.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi que l'ordre constitutionnel devait être préservé et que, même si la France comprenait les revendications des jeunes, celles-ci ne devaient pas être exploitées par des factions militaires.
La crise malgache a débuté fin septembre, lorsque des manifestations ont éclaté dans le pays en raison de pénuries d'eau et d'électricité. Ces manifestations se sont rapidement transformées en un soulèvement portant sur des griefs plus larges, notamment la corruption, la mauvaise gouvernance et le manque de services de base.
Ces revendications de la jeune génération malgache font écho à d'autres mouvements similaires récemment survenus ailleurs dans le monde, notamment au Népal, au Kenya et au Maroc.
(Reportage Lovasoa Rabary et Tim Cocks à Antananarivo et Giulia Paravicini à Nairobi, rédigé par Silvia Aloisi ; version française Coralie Lamarque, édité par Kate Entringer)