Machado attendue à Oslo jeudi, au lendemain de la remise de son Nobel de la paix information fournie par AFP 10/12/2025 à 23:30
L'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado s'exprimera à Oslo jeudi au lendemain de la remise de son prix Nobel de la paix à ses proches alors que Washington a accentué, avec la saisie d'un pétrolier, la pression sur le pouvoir vénézuélien qui réclame la "fin de l'ingérence".
Mme Machado, qui vit cachée dans son pays et était en route pour la Norvège au moment de la cérémonie de remise du Nobel, tiendra une conférence de presse jeudi à 09h15 GMT à Oslo, a annoncé mercredi le gouvernement norvégien.
En son absence, c'est sa fille qui a reçu sa récompense et lu son discours de remerciement.
"Pour avoir la démocratie, nous devons être prêts à nous battre pour la liberté", a dit Ana Corina Sosa Machado dans un Hôtel de ville d'Oslo où avaient pris place le président argentin Javier Milei et d'autres chefs d'État latino-américains ayant en commun avec la lauréate des affinités idéologiques avec Donald Trump.
Évoquant les arrestations, les tortures et la chasse aux opposants, elle a fustigé "des crimes contre l'humanité, documentés par les Nations unies" et "un terrorisme d'État déployé pour étouffer la volonté du peuple".
- "Amnistie" -
La vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, a de son côté comparé la cérémonie à des "funérailles", ironisant sur l’absence de la lauréate.
Quant au président colombien de gauche Gustavo Petro, il a estimé que le moment était venu pour "une amnistie générale et un gouvernement de transition" au Venezuela.
La remise du prix coïncide avec le maintien par les États-Unis d'un important dispositif militaire dans les Caraïbes, ainsi qu'avec des frappes meurtrières sur des bateaux de narco-trafiquants présumés, que l'opposante a défendues.
Le président Donald Trump a annoncé mercredi la saisie "d'un pétrolier au large du Venezuela, très grand, le plus grand jamais saisi" sans donner de détails sur le navire, son propriétaire ou sa destination, soulignant que les Etats-Unis comptaient garder la cargaison.
C'est la première saisie d'un pétrolier dans le cadre du déploiement dans les Caraïbes.
De son côté, le président vénézuélien Nicolas Maduro assure que les Etats-Unis n'ont d'autres buts que de s'emparer des réserves pétrolières de son pays et a "exigé la fin de l'ingérence illégale et brutale" américaine lors d'une manifestation au centre de Caracas.
"Qu'on en finisse avec les politiques de changement de régime, les coups d'Etat et les invasions", a-t-il lancé.
Mme Machado, 58 ans est entrée dans la clandestinité au Venezuela en août 2024, quelques jours jours après la présidentielle à laquelle elle avait été empêchée de participer.
Les États-Unis, l'Europe et de nombreux pays d'Amérique latine refusent de reconnaître les résultats du scrutin qui a permis à Nicolas Maduro d'enchaîner un troisième mandat de six ans.
L'opposition accuse le pouvoir de fraude et a revendiqué la victoire de son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, aujourd'hui en exil et présent à Oslo mercredi.
Le Nobel a été attribué à Mme Machado le 10 octobre pour ses efforts en faveur d'une transition démocratique au Venezuela.
- Voyage périlleux -
Mercredi, le comité Nobel a exhorté le président de gauche vénézuélien, critiqué pour sa dérive autoritaire, à partir.
"M. Maduro, acceptez les résultats de l'élection et retirez-vous", a lancé son président, Jørgen Watne Frydnes, sous des applaudissements nourris.
Dans un appel à M. Frydnes publié juste avant la cérémonie, Mme Machado s'est dite "très triste" de ne pas pouvoir arriver à temps, ajoutant: "Tant de personnes ont risqué leur vie pour que je puisse arriver à Oslo".
Sa dernière apparition publique remonte au 9 janvier lors d'une manifestation à Caracas contre l'investiture de Maduro.
On ignore comment elle a quitté le Venezuela.
Le mois dernier, le procureur général a dit à l'AFP que Mme Machado serait considérée comme une "fugitive" si elle quittait son pays, où elle est accusée selon lui d'"actes de conspiration, d'incitation à la haine et de terrorisme".
Son arrivée annoncée à Oslo soulève l'épineuse question de son éventuel retour au Venezuela ou de sa capacité à diriger l'opposition depuis l'exil.
- Comment rentrer? -
"Elle risque d'être arrêtée si elle rentre, même si les autorités ont fait preuve de plus de retenue avec elle qu'avec beaucoup d'autres parce qu'une arrestation aurait une portée symbolique très forte", expliquait mardi Benedicte Bull, spécialiste de l'Amérique latine de l'Université d'Oslo.
Elle rentrera "très bientôt (...) Elle veut vivre dans un Venezuela libre, et elle n'abandonnera jamais cet objectif", a assuré sa fille.
Des Vénézuéliens présents à l'intérieur de l'Hôtel de ville ont lancé des "Vive le Venezuela libre !".
Des manifestations pour et contre Mme Machado se sont tenues et sont prévues à Oslo, placée sous très haute sécurité.
Mme Machado est aussi critiquée par certains pour la proximité de ses idées avec Donald Trump, auquel elle a dédié en octobre son Nobel.