Liens Allemagne-Poutine et gaz russe : Gerhard Schröder défend son chantier maudit de Nord Stream 2
information fournie par Boursorama avec Media Services 17/10/2025 à 17:01

Le gazoduc, qui visait à suivre le tracé de Nord Stream 1 à travers la mer Baltique pour renforcer les approvisionnements de l'Allemagne en gaz russe, n'avait finalement jamais été mis en service.

Vladimir Poutine et Gerhard Schröder, à Berlin, en 2005 ( AFP / YURI KADOBNOV )

Dossier hypersensible dans le paysage géostratégique européen et mondial, les liens énergétiques entre Allemagne et Russie dans le cadre des gazoducs Nord Stream sont décortiqués par une commission d'enquête parlementaire menée outre-Rhin, qui se penche notamment sur le rôle de l'ancien chancellier Gerhard Schröder.

L'ex-figure du gouvernement allemand au tournant des années 2000 a défendu vendredi 17 octobre la construction de Nord Stream 2, "jumeau" de Nord Stream 1, avec la Russie. L'ancien dirigeant social-démocrate, proche de Vladimir Poutine, est un témoin clé de ce projet maudit pour l'Allemagne, en tant que président du conseil d'administration de la société Nord Stream 2 AG depuis 2016.

Prévue en janvier dernier, la première audition de Gerhard Schröder, âgé de 81 ans, avait été annulée en raison d'un "burn-out sévère" et de son hospitalisation.

Assurant être toujours diminué, il a répondu vendredi par vidéoconférence, depuis son bureau d'Hanovre, à la commission du parlement régional de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (nord), à Schwerin.

Celle-ci enquête sur les origines de Nordstream 2, en particulier sur l'influence politique et financière de Moscou sur le gouvernement de cette région allemande où devait aboutir le pipeline. La construction des gazoducs Nord Stream 1 et 2, reliant l'Allemagne à la Russie via la mer Baltique, "demeure justifiée", a affirmé Gerhard Schröder. Juste après ses deux mandats de chancelier (1998-2005), il avait été nommé président du conseil de surveillance de Nord Stream AG, responsable du premier pipeline abouti en 2011.

Une "Fondation" opaque

Ces installations devaient aider l'Allemagne à se détourner du nucléaire et du charbon, avec du gaz naturel "à des prix raisonnables" de la Russie, a-t-il défendu. Cette coopération économique avec Moscou, déjà "éprouvée" par ses prédécesseurs selon l'ancien dirigeant, était et reste "une politique de paix".

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Les députés ont aussi questionné M. Schröder sur une mystérieuse fondation "pour la protection du climat", qu'il a aidé à fonder en 2021. En réalité, celle-ci a servi de réceptacle à 20 millions d'euros de financements russes pour garantir l'achèvement de Nord Stream 2, menacé par Washington. Cette fondation "a servi à poursuivre le projet sans avoir à craindre de sanctions américaines", a déclaré M. Schröder.

Un projet autrefois vital désormais mort

Au fil de l'audition, l'homme s'est montré de plus en plus agacé par les questions "ridicules" de certains députés, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Face à plusieurs questions, il a plaidé l'amnésie ou tenté d'y répondre avec humour.

Au début de la guerre en Ukraine en 2022, Berlin a été contraint d'abandonner ce projet gazier autrefois jugé vital pour la première économie européenne. En septembre de la même année, des explosions se sont produites suivies d'énormes fuites sur les pipelines Nord Stream en mer Baltique. Depuis le début du conflit, la pression a augmenté sur Gerhard Schröder, proche de Poutine, pour son refus de condamner l'offensive russe, ce qui lui a coûté certains de ses avantages d'ex-chancelier. En novembre, d'autres politiques seront auditionnés par la commission d'enquête, comme l'ancien chancelier social-démocrate Olaf Scholz.