Liban, un plan américain prévoit de désarmer le Hezbollah d'ici fin 2025 et le retrait d'Israël information fournie par Reuters 08/08/2025 à 07:46
par Laila Bassam
Les États-Unis ont présenté au Liban une proposition visant au désarmement du Hezbollah d'ici la fin de l'année, à la fin des opérations militaires israéliennes dans le pays et au retrait de Tsahal de cinq positions dans le sud, selon une copie de l'ordre du jour du cabinet libanais consultée par Reuters.
Le plan, soumis par l'envoyé américain dans la région Tom Barrack et discuté lors d'une réunion du cabinet libanais jeudi, présente les étapes les plus détaillées à ce jour pour obtenir un désarmement du Hezbollah, alors que le groupe soutenu par l'Iran a rejeté les appels en ce sens depuis le conflit avec Israël en 2024.
Le ministre libanais de l'Information, Paul Morcos, a déclaré jeudi à l'issue de la réunion du cabinet que celui-ci avait approuvé uniquement les objectifs du plan, mais ne l'avait pas discuté dans son intégralité.
"Nous ne sommes pas entrés dans les détails ni les composantes de la proposition américaine. Nos discussions et notre décision se sont limitées à ses objectifs", a-t-il dit.
Les États-Unis ont salué la décision du gouvernement libanais de charger ses forces armées de placer toutes les armes sous le contrôle de l'État, a déclaré jeudi un porte-parole du département d'État.
Le bureau du Premier ministre israélien s'est refusé à tout commentaire, tandis que le ministère de la Défense n'a pas répondu dans l'immédiat.
Le Hezbollah n'a pas non plus commenté la proposition pour le moment, mais trois sources politiques ont déclaré à Reuters que les ministres du groupe et leurs alliés chiites avaient quitté la réunion du cabinet de jeudi pour protester contre des discussions sur le sujet.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a déclaré mercredi à la télévision d'État qu'il ne s'agissait pas de la première tentative de désarmer le groupe soutenu par Téhéran, ajoutant que la décision finale appartenait au Hezbollah lui-même.
"Nous agissons en tant que soutien mais nous n'interférons pas dans leur prise de décision", a-t-il dit.
UN PLAN EN QUATRE PHASES
Israël a durement frappé le Hezbollah lors d'une offensive menée l'année dernière, point culminant d'un conflit qui a commencé en octobre 2023 lorsque le groupe libanais a ouvert le feu sur des positions israéliennes à la frontière, déclarant son soutien au Hamas au début de la guerre de Gaza.
La proposition américaine vise à "étendre et stabiliser" l'accord de cessez-le-feu conclu en novembre entre le Liban et Israël.
"L'urgence de cette proposition est soulignée par le nombre croissant de plaintes concernant les violations israéliennes du cessez-le-feu actuel, y compris les frappes aériennes et les opérations transfrontalières, qui risquent de déclencher la fin du fragile statu quo."
La phase 1 du plan exige que le gouvernement de Beyrouth publie un décret dans les 15 jours pour s'engager à désarmer complètement le Hezbollah d'ici le 31 décembre 2025. Au cours de cette phase, Israël cesserait ses opérations militaires terrestres, aériennes et maritimes.
La phase 2 prévoit que le Liban commence à mettre en œuvre le désarmement dans un délai de 60 jours, le gouvernement devant approuver "un plan détaillé de déploiement (de l'armée libanaise) pour soutenir le plan visant à placer toutes les armes sous l'autorité de l'État". Ce plan précisera les objectifs de désarmement.
Au cours de la phase 2, Israël commencerait à se retirer des positions qu'il occupe au Sud-Liban et les prisonniers libanais détenus par l'Etat hébreu seraient libérés en coordination avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Au cours de la phase 3, dans un délai de 90 jours, Israël se retirerait des deux dernières positions qu'il détient et un financement serait garanti pour commencer à déblayer des décombres et remettre en état des infrastructures au Liban.
Au cours de la phase 4, dans un délai de 120 jours, les armes lourdes restantes du Hezbollah seraient démantelées, y compris les missiles et les drones.
Au cours de cette phase, les États-Unis, l'Arabie saoudite, la France, le Qatar et d'autres États amis organiseraient une conférence économique pour soutenir l'économie libanaise et la reconstruction, ainsi que pour "mettre en œuvre la vision du président Trump pour le retour du Liban en tant que pays prospère et viable".
(Reportage Laila Bassam à Beyrouth et Humeyra Pamuk à Washington, avec Alexander Cornwell, Ahmed Tolba, Yomna Ehab, Parisa Hafezi et Humeyra Pamuk, rédigé par Tom Perry, version française Benjamin Mallet)