Les USA contrôleront Gaza à la fin de la guerre, affirme Trump
information fournie par Reuters 06/02/2025 à 17:44

(Actualisé avec réaction égyptienne, commentaire de Gideon Saar)

par James Mackenzie et Jana Choukeir

Donald Trump a affirmé jeudi que les Etats-Unis contrôleraient la bande de Gaza à la fin de la guerre entre Israël et le Hamas, une fois que la population palestinienne de l'enclave serait relogée hors du territoire, ce qui ne nécessiterait pas selon lui le déploiement de soldats américains sur place.

Au lendemain du tollé international suscité par l'idée du président américain de transformer la bande de Gaza en "Riviera" du Proche-Orient après en avoir évincé les habitants, le ministre israélien de la Défense a ordonné à l'armée de préparer le "départ volontaire" des Palestiniens de Gaza.

Dans un message sur son réseau Truth Social, Donald Trump est revenu sur son idée lancée mardi soir lors d'une visite à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui l'a qualifiée de "remarquable".

"La bande de Gaza serait transmise aux Etats-Unis par Israël à la conclusion des hostilités", a-t-il écrit, sans détailler ce qu'il entendait par l'arrêt des combats, alors qu'une trêve est entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas et que des négociations doivent s'engager à Doha pour un cessez-le-feu permanent.

Les Palestiniens "auraient déjà été réinstallés dans des communautés bien plus sûres et plus belles, avec de nouvelles maisons modernes, dans la région", a-t-il ajouté, en précisant, contrairement à ce qu'il avait pu laisser croire il y a deux jours, qu'"il n'y aurait besoin d'aucun soldat américain".

"Je salue le plan audacieux du président Trump, les habitants de Gaza devraient avoir la liberté de partir et d'émigrer, comme c'est la norme dans le monde entier", a commenté le ministre israélien de la Défense Israël Katz, cité par la chaîne israélienne Channel 12.

Selon Channel 12, le plan conçu par Israël Katz prévoit le départ des Gazaouis par voie terrestre, vers l'Egypte, mais aussi par voie maritime et aérienne.

Interrogé sur les pays susceptibles d'accueillir les Palestiniens, le ministre israélien de la Défense a cité "des pays comme l'Espagne, l'Irlande, la Norvège et d'autres, qui ont porté de fausses accusations contre Israël en raison de ses opérations à Gaza, (et) sont légalement tenus de permettre à tout habitant de Gaza d'entrer sur leur territoire".

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a rejeté ses propos, soulignant que "Gaza doit faire partie du futur Etat palestinien". L'Irlande a estimé que la priorité devait être donnée à l'aide humanitaire et au retour des déplacés. "Tout autre commentaire est peu utile", a dit son ministère des Affaires étrangères.

ISRAËL SE RETIRE DU CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME

L'idée de Donald Trump de s'approprier Gaza et d'en évincer les Palestiniens, dont on ne sait s'il s'agit d'un coup de bluff ou d'un plan plus ou moins élaboré, constituerait selon ses détracteurs un nettoyage ethnique à grande échelle.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a déclaré qu'il ne disposait d'aucun détail concernant l'initiative américaine.

"Nous n'avons pas encore les détails mais nous pouvons parler des principes", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec son homologue italien Antonio Tajani. "Tout doit être basé sur le libre arbitre des individus et sur la volonté d'un Etat prêt à les accueillir."

La Jordanie et l'Egypte, incitées par le président américain à accueillir les habitants de l'enclave, ont rejeté tout transfert forcé de population, tout comme l'Arabie saoudite, que Donald Trump espère voir normaliser ses liens avec Israël.

Commentant apparemment les déclarations d'Israël Katz, le ministère égyptien des Affaires étrangères a souligné "les conséquences catastrophiques de cet acte irresponsable" susceptible de remettre en cause les pourparlers sur un cessez-le-feu et d'inciter à une reprise des combats.

Le Hamas a appelé tous les groupes armés palestiniens à s'unir pour combattre la proposition du président américain.

L'hypothèse a en revanche suscité l'enthousiasme au sein de la droite israélienne, et particulièrement chez les ministres nationalistes de la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahu, qui rêvent de longue date d'une annexion pure et simple de l'ensemble des territoires palestiniens.

"Je pense qu'elle devrait être étudiée, élaborée et mise en oeuvre car je pense que cela permettra de bâtir un avenir différent pour tous", a déclaré Benjamin Netanyahu dans une interview à la chaîne Fox News.

Gideon Saar a quant à lui annoncé qu'Israël se retirait du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à la suite des Etats-Unis. Il a accusé l'institution de prendre des positions systématiquement anti-israéliennes.

Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, a qualifié cette décision d'"extrêmement grave". Israël, a-t-elle dit, affirme "n'avoir aucun compte à rendre et le prouve à l'ensemble de la communauté internationale".

L'offensive lancée par Israël dans la bande de Gaza en représailles aux attaques du Hamas menées le 7 octobre 2023 sur son territoire a réduit l'enclave côtière à l'état de ruines et coûté la vie à 47.000 Palestiniens, selon les services de santé palestiniens. Les raids du 7-Octobre ont fait 1.200 morts en Israël, selon les autorités israéliennes.

(Version française Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse, édité par Bertrand Boucey, Sophie Louet et Blandine Hénault)