Les USA accusent la Russie de crime de guerre en déportant de force des Ukrainiens

information fournie par Reuters 08/09/2022 à 00:21

par Michelle Nichols

NATIONS UNIES, 8 septembre (Reuters) - Les Etats-Unis ont accusé mercredi Moscou de commettre un crime de guerre en déportant de force des Ukrainiens en Russie, assurant disposer d'informations selon lesquelles des représentants russes supervisent les dénommées "opérations de filtration".

S'exprimant devant le Conseil de sécurité des Nations unies, l'ambassadrice américaine à l'Onu a déclaré que "ces opérations visent à identifier les individus que la Russie jugent insuffisamment compatibles à son contrôle".

Linda Thomas-Greenfield a ajouté que des estimations provenant d'un éventail de sources, dont Moscou, indiquaient que les autorités russes ont "interrogé, arrêté et déporté de force" en Russie entre 900.000 et 1,6 million d'Ukrainiens depuis le début de l'offensive lancée en février dernier.

Washington dispose d'informations selon lesquelles, rien qu'en juillet, plus de 1.800 enfants ont été transférés en Russie depuis des zones de l'Ukraine contrôlées par Moscou, a dit la diplomate de haut rang.

Ces déportations "constituent un crime de guerre", a déclaré Linda Thomas-Greenfield, ajoutant que le but de la Russie était de "préparer une tentative d'annexion".

L'ambassadeur de la Russie à l'Onu a décrit la réunion du Conseil comme une perte de temps, avec à ses yeux une "nouvelle étape majeure dans la campagne de désinformation lancée par l'Ukraine et ses soutiens occidentaux".

Vassily Nebenzia a déclaré que les Ukrainiens qui se rendaient en Russie le faisaient via une procédure d'enregistrement et non pas de filtration.

Il a demandé qu'une nouvelle réunion du Conseil se tienne jeudi afin de discuter des "réelles menaces à la paix et la sécurité internationales causés par l'approvisionnement de l'Ukraine en armes et biens militaires par des Etats étrangers".

Une représentante de haut rang du bureau des droits de l'homme de l'Onu a déclaré que les Nations unies ont "vérifié que les troupes russes et des groupes armés affiliés soumettent les civils à des dénommées 'filtrations'".

Ilze Brands Kehris a ajouté que ses services ont établi que des "hommes et femmes perçus comme ayant des liens avec l'armée ou des institutions d'Etat ukrainiennes, ou ayant des opinions pro-Ukraine ou anti-Russie, étaient soumis à des détentions arbitraires, de la torture, des mauvais traitements et des disparitions forcées".

(Reportage Michelle Nichols et Kanishka Singh; version française Jean Terzian)